L'Illustré

Trump n’est pas un clown, il faut le juger

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«Ceux qui peuvent vous faire croire à des absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités.» Voltaire connaissai­t son histoire et il prévoyait même avec acuité ce qui se déroulerai­t plus de deux siècles après sa mort. L’invasion du Capitole le 6 janvier par une foule de barbares n’est que le dernier acte d’une mécanique mise en place avec l’élection de Donald Trump en 2016. Le businessma­n qui a réalisé toute sa carrière dans le show-business et les produits dérivés de son nom s’est lancé en politique avec deux armes: le mensonge, bien sûr, et une capacité limitée de vocabulair­e. Cette faiblesse, il en a fait sa force dans une époque où un discours peut se résumer en 140 signes sur Twitter.

Donald Trump a imposé le concept de vérité alternativ­e pendant sa campagne présidenti­elle. Durant son mandat, il a rendu le mensonge acceptable, la bonne foi totalement hors de propos et le mépris s’est revêtu d’une étiquette socialemen­t acceptable. Ce que les plus pessimiste­s prévoyaien­t s’est confirmé dans les derniers jours de sa présidence. Non, Donald Trump n’est pas que le champion fantasmé soudaineme­nt incarné des déclassés du pays intérieur. Il représente le joker cynique d’un nouveau fascisme décomplexé.

Les réseaux sociaux seraient les grands coupables de cette crise? Ils ont certes diffusé la peste, mais comme la radio propageait sans limites le discours nazi dans les années 1930. Le problème se situe ailleurs. Dans les couloirs du Capitole, ce funeste 6 janvier, il n’y avait pas seulement des beaufs gavés de bière et de discours de haine glanés sur les fils d’actualité. Les médias ont aussi pointé des représenta­nts d’une dizaine de groupes extrémiste­s, voire terroriste­s, venus mettre à sac la démocratie.

Parmi les assaillant­s se trouvaient d’anciens militaires, machines à tuer, prêts à prendre en otage des élus et à traquer le vice-président Mike Pence pour le pendre. Ce jour-là, ceux qui avaient écouté des absurdités pendant quatre ans étaient prêts à commettre des atrocités. Et s’il y a un procès urgent à faire aujourd’hui, c’est celui de Donald Trump. ●

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Rédacteur en chef
Stéphane Benoit-Godet Rédacteur en chef

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