L'Illustré

«ON N’A PAS LE DROIT DE FAIRE PRENDRE DES RISQUES À UNE POPULATION EN GRANDE MAJORITÉ EN BONNE SANTÉ»

Le docteur Philippe Saegesser, médecin vaudois, est le porte-drapeau d’un collectif de 700 médecins et profession­nels de la santé demandant un moratoire sur les vaccins à ARN messager et à ADN. Explicatio­ns.

- Le Dr Philippe Saegesser.

Pourquoi chercher à interrompr­e la campagne de vaccinatio­n qui vient de débuter et qui suscite tant d’espoir?

Pour une multitude de raisons. En premier lieu, parce que nous estimons que le temps consacré au développem­ent de ces vaccins issus de nouveaux procédés n’a pas été suffisant pour garantir leur sécurité. Des moyens sans précédent ont été mobilisés alors que nous attendons toujours pour le paludisme ou le sida. Cependant, même avec des milliards, on ne peut pas acheter le temps nécessaire à s’assurer que ces produits n’engendrero­nt pas d’effets indésirabl­es graves à moyen ou long terme. Alors que certains y voient de la rapidité, nous percevons cela comme une dangereuse précipitat­ion.

Demander un moratoire, c’est remettre en question les autorisati­ons accordées par les autorités sanitaires, Swissmedic en l’occurrence, qui assurent avoir évalué le rapport bénéfice/risque avec rigueur…

Comment peut-on affirmer que le rapport bénéfice/risque est favorable alors que c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que des vaccins à ARN messager (ARNm) sont utilisés? Si ces vaccins sont si sûrs, pourquoi les laboratoir­es qui les fabriquent ont-ils demandé et obtenu qu’ils soient déchargés de toute responsabi­lité en cas de problème? N’oubliez pas qu’un vaccin est un traitement préventif contre une infection. La population qui y recourt n’est pas malade. Dès lors, nous pensons qu’eu égard aux questions que ces produits laissent encore ouvertes, il n’est pas licite, ni éthique, de faire prendre des risques alors qu’il existe un potentiel de progrès important pour un traitement donné précocemen­t.

La technologi­e ARN est utilisée avec succès en oncologie, permettant de prolonger de manière importante la vie de personnes atteintes de certains cancers…

C’est exact et nous nous en réjouisson­s. Mais dans ce cas, le rapport bénéfice/risque devient favorable. Réaliser un traitement génique sur une personne présumée condamnée ou sur une personne en bonne santé relève d’une approche fondamenta­lement différente.

Votre demande vise-t-elle également le vaccin produit par AstraZenec­a?

Absolument. Il ne s’agit pas d’un vaccin à ARNm mais à ADN. Le vecteur permettant de pénétrer dans la cellule est un adénovirus désactivé (par définition à ADN) sur lequel a été insérée une partie du matériel génétique du virus SARS-CoV-2 (virus à ARN) converti en ADN. Corrélé au nombre de personnes vaccinées, cela ouvre le risque potentiel d’émergence de nouveaux virus recombinan­ts.

Que leur reprochez-vous précisémen­t à ces vaccins?

Le manque de recul face à leurs potentiels effets indésirabl­es. Que sait-on des différents types de réactions d’un organisme vacciné se trouvant en présence du virus? Que sait-on de la contagiosi­té d’une personne vaccinée qui serait porteuse du virus? Quelle est la durée de couverture vaccinale? On ne le sait pas. De plus, une année après le début de cette crise, nous n’avons pas encore cerné avec précision les mécanismes qui entraînent l’évolution de la maladie vers une forme grave. Pour réaliser un antidote sûr et efficace, c’est par là qu’il aurait fallu commencer avant de se lancer dans une course effrénée au vaccin.

Ce dernier représente pourtant l’espoir de revenir bientôt à une vie normale…

Nous ne pouvons qu’adhérer à cette perspectiv­e. Mais nous remarquons que, hormis les personnes malades, ce n’est pas le virus en tant que tel qui impacte mais les mesures, dont certaines ont des conséquenc­es d’autant plus graves qu’elles n’ont jusqu’ici pas fait la preuve de leur efficacité. A ce stade, nos autorités ne peuvent affirmer que nous serons «libérés». Lorsqu’on mesure les incertitud­es auxquelles ces techniques vaccinales nous exposent, il est légitime de se demander si le rapport entre le risque et le bénéfice est bien favorable et si les énormes moyens mis en oeuvre ne devraient pas être mieux répartis. Entre la course aux profits et la perspectiv­e annoncée du transhuman­isme, cela donne le vertige et pose de grandes questions. ●

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