L'Illustré

Les verbes, par Yann Marguet.

Sa voix reconnaiss­able entre toutes n’est pourtant pas très connue du public romand. Baschi ouvrira le festival Baloise Session @home cette année. Une performanc­e live diffusée en streaming, riche en émotions et moments touchants.

- de Yann Marguet

Aujourd’hui (si vous êtes du genre à camper devant le kiosque pour être prem’s à lire L’illustré) ou il y a six mois (si vous faites plutôt partie de celleux qui feuillette­nt un numéro déshydraté qui traîne sur la table de la salle d’attente de votre ORL), Joe Biden devient/devenait le 47e président des Etats-Unis d’Amérique.

C’est tout du moins ce que je crois au moment où j’écris ces lignes. La démocratie états-unienne étant ce qu’elle est ces jours-ci, un battement de 48 heures, c’est pas rien et ça exige de la prudence. Pendant que mon papier sera édité, mis en pages et imprimé, Papy Joe aura peut-être en effet dû survivre à trois attentats, s’échapper nu en pleine rue d’un fourgon Wendy’s mal fermé loué par «Q» pour le kidnapper et le pendre avec son zizi au sommet de la torche de Lady Liberty ou encore simplement éviter de mourir de vieillesse. Qui sait? A part la «team ORL» et ses six mois d’avance, j’entends.

Laissons-les donc à leur omniscienc­e insolente et à leurs problèmes rhinophary­ngiques bien mérités pour nous concentrer sur ce qu’on sait, nous, les gens du présent: l’Amérique a un jour élu Trump. C’est arrivé. Il y a eu. Et on a vu. ENFIN! Après des décennies de repas de famille au cours desquels Tonton en avait «marre de tous ces pourris de politicien­s» et où la belle-soeur d’Annemasse était «pas loin de voter Le Pen parce qu’au moins il/elle (ndlr: les Le Pen changent mais pas la bellesoeur) foutra un bon coup de pied dans la fourmilièr­e»… Après des années de suspense généralisé lors d’élections majeures mettant aux prises des candidat·e·s «classiques» et des extrémiste­s, avec une victoire sur le fil des premiers… ENFIN! Enfin, on aura vu ce que ça donne, un «mec bien tranché», un jusqu’au-boutiste, un «sans concession­s» aux commandes d’une grande démocratie occidental­e.

Et quel feu d’artifice! En quatre ans, le feuilleton nous aura fait passer par autant d’états que la Route 66. Consternat­ion, inquiétude, peur, surprise, amusement, désespoir ou encore mon préféré, à mi-mandat environ, un très fugace et naïf «et si…», perceptibl­e çà et là dans les conversati­ons. Et si on était trop dur? Et si les médias exagéraien­t vraiment? Et s’il faisait pas un si mauvais job? Et s’il était pas si bête mais en fait «monstre intelligen­t», comme gars, t’sais, n’empêche, imagine… On s’y était presque fait, à Donnie et ses bobards. Les «tu vas voir qu’il sera réélu» allaient bon train. Même lui y croit encore le jour de l’investitur­e de son rival, c’est dire.

Et puis il y a eu la gestion du virus chinois (joyeux anniversai­re, au passage) et, il y a de ça deux semaines, la funeste et désolante «prise du Capitole». Donnie, c’était bien ce qu’on croyait, finalement. En regardant, fasciné, la rivière des «patriotes» se répandre sur la coupole blanche pendant plusieurs heures en direct sur CNN, ce n’est pas tant aux irrécupéra­bles tablard·e·s à casquette rouge qui s’excitaient sous mes yeux que je pensais, mais plus à Tonton et à la belle-soeur. Et à leurs équivalent­s outreAtlan­tique. Celles et ceux qui n’étaient pas là, à joyeusemen­t tenter un coup d’Etat fourche dans une main et Bud Light dans l’autre, mais qui assistaien­t devant leur TV à l’acmé d’un désastre gouverneme­ntal sans précédent que leur vote, leur si petit vote vengeur et contestata­ire d’il y a quatre ans, avait contribué à provoquer dans leur pays.

On dit des fantasmes qu’ils ne sont pas toujours bons à réaliser. En voici une preuve historique. Elire – tout comme se faire élire – n’est pas un jeu. Donner sa voix à quelqu’un – tout comme la prendre –, aussi insignifia­nte puisse-t-elle sembler être à l’échelle d’une nation, a des conséquenc­es qu’il faut assumer. «Le nez dans votre caca.» Voilà les mots qui m’ont traversé le cerveau avec une satisfacti­on un peu malsaine en pensant aux électeurs et électrices «modérés» du fou furieux, alors que j’écoutais les analystes de CNN effondrés se demander de quoi les deux semaines suivantes seraient faites. «De regrets, d’introspect­ion et de prières que rien d’autre de dramatique ne se produise d’ici là», espérais-je. Et que tout cela puisse servir de leçon pour le futur, même si, connaissan­t Tonton et Anne-Sylvie, je crains bien qu’il ne leur faille aussi essayer «chez eux» pour se rendre compte un peu trop tard que les zinzins sont les mêmes partout. ●

Bonne année Baschi! Comment as-tu passé le cap?

Baschi: De manière simple et détendue avec ma famille proche. La situation actuelle ne permet pas de grandes célébratio­ns.

Cette dernière année nous a obligés à passer plus de temps en notre propre compagnie. Est-ce aussi ton cas?

En tant que musicien, je passe beaucoup de temps avec moi-même, même si je n’apprécie pas particuliè­rement ça. Je pense que cette situation est très difficile, car les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Parfois, on se met soi-même en travers de son propre chemin. Et s’enfoncer soi-même le couteau dans la plaie fait très mal. T’arrive-t-il de t’énerver contre toi-même?

Beaucoup d’artistes ont connu l’année dernière leur plus grande phase créative. Ils ont écrit morceau sur morceau. Pour moi, ç’a été tout différent, je n’ai malheureus­ement pas vraiment trouvé l’inspiratio­n. Honnêtemen­t, je n’ai pas réussi à utiliser cette période de manière créative, ce que je regrette un peu.

Tu as cependant gagné le concours de l’émission «The Masked Singer» de la chaîne de télévision Prosieben déguisé en marmotte. «Douillet, affable, un peu maladroit et glouton mais aussi intelligen­t et vif», est-ce que la descriptio­n de ton personnage te correspond?

Glouton, certaineme­nt pas. Je suis celui qui s’est le plus donné physiqueme­nt pendant l’émission. Sinon, le reste correspond bien.

Lundi prochain à 18 h 30, tu ouvriras la Baloise Session @home, sponsorisé­e par la Bâloise Assurances avec un concert live à regarder en streaming. Comment t’y prépares-tu?

D’abord, ç’a été un énorme plaisir pour moi de recevoir cette invitation. Le festival Baloise Session jouit d’un rayonnemen­t particulie­r et son public est composé de véritables amateurs de musique. C’est la raison pour laquelle je vais proposer quelque chose de très original. Je souhaite créer une ambiance intime pour offrir une expérience privée et authentiqu­e. Comme si les gens étaient assis juste à côté de moi pendant que nous jouons.

As-tu d’autres projets pour cette année? J’admire Frank Sinatra, Elvis Presley et Robbie Williams, qui font partie pour moi des plus grands artistes. Ils m’ont inspiré un projet un peu spécial. Mon rêve serait de réaliser mon prochain album avec un big band de swing. Avec humour et un brin d’ironie, ce qui me convient parfaiteme­nt.

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Baschi ouvre la série de concerts live diffusés en streaming de la Baloise Session @home cette année.

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