L'Illustré

Une fin caniculair­e

Il y a plus de cent ans, Charles Ferdinand Ramuz a écrit «Présence de la mort». Ce soir, «Ramdam» propose une pièce de théâtre adaptée de ce roman apocalypti­que qui imagine que la Terre se rapproche du Soleil.

- OLAYA GONZALEZ

Canicule. Chaleur écrasante, avec un record de 38,9°C à l’ombre à Genève le 28 juillet 1921. Moins d’un an plus tard, Charles Ferdinand Ramuz publie Présence de la mort, roman qui imagine une nouvelle apocalypti­que. «Le grand message fut envoyé d’un continent à l’autre par-dessus l’océan.

[...] Par un accident survenu dans le système de la gravitatio­n, rapidement la terre retombe au soleil et tend à lui pour s’y refondre: c’est ce que le message annonce. Alors toute vie va finir. Il y aura une chaleur croissante. Elle sera insupporta­ble à tout ce qui vit. Il y aura une chaleur croissante et rapidement tout mourra. [...] Parmi nos petits champs à nous, notre bon tout petit pays à nous, où on n’y croyait pas, on n’y pouvait pas croire, tellement tout y était tranquille.» Sécheresse, 39°C, des épidémies se déclarent, les passants tombent morts dans les rues, le Léman devient «un rond d’eau morte», 43°C, la Terre continue à se rapprocher du Soleil, cette fois, tout le monde y croit, tout le monde sait, la fin est proche. Suicides, émeutes, pillages, chacun la vit à sa manière.

Impossible de ne pas penser aux effets du changement climatique, que certains refusent de croire envers et contre tout, en relisant ce roman ou en regardant la recréation théâtrale pour l’écran de la pièce J’ai trop aimé le monde, filmée par Ufuk Emiroglu et proposée par Ramdam. Les mots de Ramuz, sur des images d’actualité, sont ici interprété­s en huis clos par de jeunes comédiens. Sarah Eltschinge­r, à qui l’on doit la mise en scène originelle, admire la langue de l’écrivain vaudois et son «grand pouvoir d’évocation à travers des descriptio­ns aussi lyriques que visuelles, quasi cinématogr­aphiques».

 ?? ?? «J’ai trop aimé le monde [...] Je l’ai aimé tout entier, malgré lui. Je l’ai aimé malgré ses imperfecti­ons...» écrit Charles Ferdinand Ramuz dans «Présence de la mort».
«J’ai trop aimé le monde [...] Je l’ai aimé tout entier, malgré lui. Je l’ai aimé malgré ses imperfecti­ons...» écrit Charles Ferdinand Ramuz dans «Présence de la mort».

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