Deuxième aventure: Flavie fait un stage à «L’illustré»
La jeune fille de 21 ans, qui fait des études de théâtre au Conservatoire de Genève, est aussi très intéressée par le journalisme. Nous l’avons donc invitée à la rédaction pendant une semaine. Une épopée plus difficile ou plus facile que «Pékin Express»?
Après avoir passé de nombreuses heures filmée et interviewée à l’autre bout du monde, j’ai voulu me prêter moi aussi à cet exercice et découvrir de l’intérieur le monde énigmatique des médias. Alors, en tant qu’aventurière désormais confirmée, j’ai décidé d’envoyer une demande à L’illustré pour un stage d’une semaine avec la ferme intention de découvrir les petites mains et les visages qui se cachent derrière ce magazine.
Quand je suis arrivée dans les locaux à Lausanne, j’ai découvert un open space des plus confortables où graphistes côtoient journalistes, correctrices et même photographes. J’ai eu la chance d’être accueillie par Olaya Gonzalez, journaliste depuis plus de vingt ans à TV8, qui allait vite devenir le Stéphane Rotenberg de ma nouvelle aventure.
Les subtilités du métier de journaliste
Si Pékin Express a commencé sur les chapeaux de roues dès la sortie de l’avion, à la rédaction de L’illustré, pas le temps de chômer non plus. A peine suis-je arrivée qu’Olaya me donne déjà les instructions sur ma première mission: rédiger trois articles pour la rubrique «Choix du jour» de la partie TV8. Jetée immédiatement dans le bain, j’ai eu la bonne surprise de profiter de l’un des privilèges des journalistes: pour rédiger leurs articles, ils ont accès à des films, à des émissions et même à la finale de Pékin Express avant tout le monde! J’ai donc vu en avant-première quelques documentaires tels que Hôtel
Cactus, qui sera diffusé sur la RTS, et ai navigué entre herbiers marins, iguanes du désert et autres joyeusetés afin de rédiger mes textes.
A 10 heures, Olaya me proposa une collation. Mais depuis un certain petit-déjeuner dégusté en Malaisie comprenant notamment un pénis de taureau, j’ai tendance à me méfier des petitsdéjeuners qu’on m’offre. Heureusement, Olaya m’amena un croissant et un café digne de ceux de Java! La pause terminée, il me restait trois articles à rédiger. Devant la page blanche, il fallait se lancer dans cette épreuve vertigineuse digne d’un saut à l’élastique. Lettre après lettre, mot après mot, je me suis essayée à une écriture millimétrée. Si le métier de journaliste a ses avantages, il a aussi ses petits inconvénients.
J’ai découvert l’enfer du nombre de signes imposé pour que l’article corresponde à la mise en pages. Entre titres accrocheurs et chapeaux percutants, il s’agit de trouver les bonnes informations et la juste tonalité pour rendre le texte à la fois captivant et agréable à lire, le tout avec un nombre précis de caractères!
Ma mission rédactionnelle terminée, une nouvelle mission allait m’être proposée: assister à la séance de rédaction, une réunion hebdomadaire, tous les mardis matin, durant laquelle les divers intervenants du magazine discutent ensemble des prochains sujets à traiter. Du sport à la politique, d’un spectacle humoristique au témoignage de victimes d’escroquerie, les articles sont variés et contribuent à faire de
L’illustré un magazine couvrant un large panel de sujets. La rédactrice en chef, Laurence Desbordes, valide ou pas toutes les propositions. C’est à elle qu’incombe la tâche de créer le meilleur assemblage possible de sujets, de choisir la longueur des articles et la ligne éditoriale.
Durant cette séance, et devant la compétence et l’expérience des membres présents, je me suis faite aussi discrète que s’il y avait un drapeau noir à l’horizon.
Si L’illustré peut compter sur ses journalistes, le nom de ce magazine renvoie pourtant à un autre corps de métier, car l’une de ses particularités majeures réside dans l’utilisation foisonnante d’illustrations. Lors d’une interview de la comédienne Carole Dechantre, j’ai pu constater qu’un temps important était consacré aux images. Julie de Tribolet, la photographe, a profité de l’occasion pour tester la résistance physique de la jeune stagiaire que je suis. Alors, bien qu’aucune immunité ne fût à la clé de cette périlleuse épreuve, je me suis transformée en porteuse de projecteurs et je peux vous assurer que j’ai eu aussi mal aux bras que lors de mon ascension du Kawah Ijen.
Séquence photos
Les photos prises et retravaillées sont ensuite envoyées à un service appelé rédaction photo, qui présélectionne celles qui paraîtront dans l’article. Karine Mamberti m’explique également que, en cas d’impossibilité de réalisation de shooting photo, elle en cherche sur le site d’agences. Ma nouvelle mission fut alors d’écumer internet à la recherche d’une photo de Leonardo DiCaprio bébé, et figurez-vous qu’il était déjà très mignon! Les photos parviennent ensuite aux graphistes, qui derrière leurs écrans mettent en commun le labeur des journalistes et des photographes. Ils agencent les pages et font un minutieux travail pour que le visuel soit en adéquation avec le sujet abordé.
Grâce à un logiciel, tous les intervenants du processus de création préala
«J’ai découvert
l’enfer du nombre de signes imposé par article»
FLAVIE TAPPAREL
blement cités ont accès au journal en cours de construction. Ils peuvent donc voir les pages qui sont montées une à une, donner leur avis, les lire et les commenter. La relecture attentive est la principale tâche des deux correctrices de L’illustré, Valérie Bell et Celia Chauvy, qui se chargent non seulement de chasser les éventuelles fautes de français, mais également de s’assurer de la véracité des informations écrites. Ce métier disparaît malheureusement dans certains médias, supplanté par des logiciels capables pour l’instant uniquement de repérer les erreurs orthographiques, mais pas l’inexactitude des informations. Heureusement, L’illustré ne compte pas se séparer de ses correctrices de sitôt!
De riches rencontres
Arrivée à la fin de mon stage, je suis bien consciente qu’il y aurait beaucoup de choses à approfondir, de métiers à découvrir dans cette riche fourmilière. Mais je peux dire que ma nouvelle aventure trouve des points communs avec la précédente. Quand je suis partie au bout du monde, je voulais vraiment faire de riches rencontres, partager et échanger. En une semaine à L’illustré, j’ai rencontré des personnes bienveillantes avec l’envie de partager non seulement la passion pour leur métier, mais aussi leur curiosité sur le monde, avec moi, et plus largement avec vous, lecteurs. Merci L’illustré et à bientôt! ●
«Durant la séance de rédaction, je me suis faite aussi discrète que s’il y avait un drapeau noir à l’horizon»
FLAVIE TAPPAREL