L'Illustré

LADY’S PARADISE

- TEXTES ANDREAS ENGEL PHOTOS MARIO HELLER

Chez les lowriders américains, marqués par le gangsta rap et la testostéro­ne, les femmes représente­nt une exception. Avec ses 16 acolytes du Lady Lowriders Car Club de Los Angeles, Sandy Avila veut que cela change. Au volant de leurs propres créations, elles visent à rendre les rues plus féminines.

Dans le hip-hop américain, les lowriders sont omniprésen­ts. Dans la chanson du même nom, Eazy-E (1964-1995), légende du gangsta rap, était déjà filmé au volant de sa Chevrolet Impala de 1964 dans le célèbre quartier de Compton, à Los Angeles. Au son de basses puissantes, il faisait rebondir sa carrosseri­e sur le bitume en appuyant sur un bouton. Sur ces voitures anciennes – des berlines et cabriolets Chevrolet ou Cadillac pour la plupart – et modifiées à grands frais, chaque suspension peut être commandée individuel­lement grâce à des pompes hydrauliqu­es ou pneumatiqu­es fonctionna­nt à l’électrique. Les lowriders s’affrontent ainsi dans des concours. La voiture qui bounce le plus haut l’emporte.

La sous-culture des lowriders est née à Los Angeles, à la fin des années 1940. Elle constituai­t un moyen d’exprimer l’identité et la créativité mexicaines dans les villes de la côte ouest des Etats-Unis. Même si la pratique du cruising (le fait de rouler lentement pour se montrer) au volant de ces oeuvres d’art sur roues n’est officielle­ment légale en Californie que depuis début 2024.

Dans ce milieu dominé par les hommes, les femmes constituen­t jusqu’à présent une exception. Cela n’a pas empêché Sandy Avila (40 ans) de monter des roues étincelant­es sur son lowrider. «Je ne voulais pas rester sur le siège passager à côté de mon mari, j’avais envie de prendre le volant.» Cette mère de quatre enfants est non seulement l’heureuse propriétai­re de sa propre voiture de collection, restaurée durant des années de labeur, mais elle a aussi fondé en 2021 un des rares clubs féminins: le Lady Lowriders Car Club. «Avant, nous n’étions que des «femmes de» qui habillaien­t les enfants pour les spectacles et aidaient à nettoyer les voitures. Je voulais m’engager pour l’égalité des droits.» Jusqu’ici, Sandy Avila a pu réunir 16 Lady Lowriders autour d’elle. Tous les week-ends, elles sortent leurs créations des garages, roulent à basse vitesse sur les boulevards animés de la métropole états-unienne et se retrouvent dans les nombreux événements de lowriders, où elles évoquent leur passion autour d’un barbecue. A l’instar de nombreux autres clubs, les Lady Lowriders s’engagent pour la communauté: «Nous collectons de la nourriture pour les sans-abris et des jouets pour les enfants. Il est question de famille, de cohésion et de donner quelque chose en retour.»

«DANS MON IMPALA, JE ME

SENS LIBRE»

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Le mouvement lowrider est né il y a plus de 70 ans dans la métropole californie­nne de Los Angeles.
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En bas:
Mary Lopez a restauré sa Chevrolet Impala de 1963 pendant quatre ans: «C’est un hobby qui coûte, mais j’adore ça.» C’est dans le coffre de cette oeuvre d’art sur quatre roues que l’on trouve les pompes hydrauliqu­es et les batteries nécessaire­s. En bas:

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