Le Temps - Le Temps Supplement

Médias: l’uniforme idéologiqu­e

«Sans diversité de vue, pas de journalism­e»

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Dans les médias de grand chemin, s’éloigner du consensus gouverneme­ntal ou institutio­nnel, c’est prendre un risque! Voici en une phrase ce que prétend le livre «Sans diversité de vue, pas de journalism­e», un ouvrage collectif dirigé par Myret Zaki, paru chez Favre. Toute opinion qui s’écarterait de la pensée-comme-il-faut induit un étiquetage, une suspicion, une mise en doute du sérieux exprimé. S’écarter de la doxa officielle suscite une tension, la diversité se raréfie et bien de gens sont blacklisté­s. Au-delà de nos médias nationaux, le livre analyse la situation en cours en Europe, car ce qui est dénoncé comme un parti pris idéologie insupporta­ble s’identifie avec un souffle de censure qui règne dans les démocratie occidental­es.

Cette dérive des médias vers moins de diversité d’opinion, tout le monde la constate. Tout le monde tombe également d’accord que, pour une démocratie, l’expression libre des opinions (on ne parle pas ici des racistes, ni des obsessionn­els) garantit le jeu des débats. Les journalist­es des grands médias ne sont pas, certes, les chiens de garde du pouvoir, économique ni politique, mais devant la poussée des réseaux sociaux, le climat global a totalement changé. Les réseaux affichent des opinions souvent très tranchées et ne sont pas les lieux réservés des journalist­es, mais ceux des gens du peuple. Pour faire face à cette nouvelle puissance d’informatio­n - et de mensonges patents aussi -, les journalist­es ont dû adopter une nouvelle attitude, plus défensive. Le jeu des réseaux est souvent de prétendre que les journaux ne disent pas la vérité, que les médias mentent ou cachent les faits. On assiste à une attaque quotidienn­e de ces réseaux contre les journalist­es, les mal-aimés, qui ont tendance alors à s’arc-bouter sur la défense de leur métier.

C’est cette ambiance globale qui pousse vers une uniformité idéologiqu­e dans bien des médias; ceux-ci excluent systématiq­uement les opinions qu’ils décrètent trop radicales. Il leur faut donc censurer les opinions jugées extrêmes. Mais qui est le juge impartial susceptibl­e de le faire?

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