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Renouveau et persévéran­ce

La passion automobile ne s’éteint pas: berceau des grandes premières les plus illustres depuis 1905, le Salon de Genève s’est réinventé avec succès en mêlant passé, futur et expérience visiteur. Retour sur une édition 2024 attendue de longue date.

- CHARLES MATTHEY

En 2020. Le monde se cloître face à la Covid et tout s’arrête. Le GIMS ne fait pas exception. Un an auparavant, le Salon de Genève accueillai­t près de 600 000 visiteurs sur une durée de 11 jours, un chiffre remarquabl­e sachant que plusieurs grands constructe­urs avaient déjà commencé à bouder les grands événements automobile­s bien avant la pandémie.

Quatre ans plus tard, les marques se sont adaptées aux demandes – ou contrainte­s? – politico-commercial­es du marché en renouvelan­t leurs catalogues vers le tout - hybride et électrique. Les mots d’ordre des départemen­ts marketing? Local et numérique. Fini les Salons: à quoi bon investir dans des stands si on peut attirer les clients directemen­t dans les show-rooms ou sur les réseaux sociaux?

Contre toute attente

2024. Le GIMS existe à nouveau, même si la forme est réduite: 34 exposants contre 180 en 2019, sur une durée de 7 jours et sans occuper toutes les halles de Palexpo. Avec 168 000 visiteurs enregistré­s, dont 80 000 répartis sur un week-end à guichet fermé qui a mis le service de sécurité à forte contributi­on, le bilan est plus que positif. Renault et Dacia ont joué les premiers rôles aux côtés des constructe­urs chinois MG, IM et BYD ainsi que l’américain Lucid, pour promouvoir des gammes prêtes à être lancées en Europe et qui ont de quoi faire trembler les acteurs historique­s du Vieux-Continent. Pour leur faire écho, la «Classics Gallery» a recueilli une quantité rarement vue de véhicules historique­s et prestigieu­x, sans oublier les super- et hypercars, les nombreux stands interactif­s et les marques «boutique» de passionnés comme Kimera ou Totem Automobili.

«Les marques présentes sont toutes très contentes du retour qu’elles ont eu en termes de couverture médiatique et de fréquentat­ion, se réjouit Sandro Mesquita, directeur général du GIMS. C’est déjà un beau succès populaire. Nous voulions démontrer que les Salons au sens large ont toujours leur raison d’être, et nous pouvons à présent le prouver en chiffres et en images aux constructe­urs qui ne sont pas venus».

Mi-figue mi-raisin?

Les importateu­rs suisses, pour la plupart basés en Suisse alémanique, ainsi que les autres constructe­urs européens vont-ils revenir à la tradition genevoise? «Je n’ai pas de boule de cristal, avoue Sandro Mesquita. Notre évènement doit cadrer avec les plannings marketing et les lancements des marques. Cela dit, l’édition 2024 est devenue réalité: nous ne sommes plus dans le discours, mais dans les actes. A nous de capitalise­r sur cet élément positif».

Quant au public, l’équipe du GIMS est prête à faire évoluer sa formule pour les prochaines éditions. Car oui, 2025 verra deux Salons, l’un à Genève et l’autre à Doha (Qatar). «Nous avons la passion de l’automobile dans le sang, insiste Sandro Mesquita. Parfois, les critiques ont été dures. Nous avons pris beaucoup de soin à mettre sur pied un salon de qualité et je comprends que certaines personnes habituées à déambuler de manière plus passive au milieu d’un grand nombre d’allées ont été déçues. Nous avons cherché à davantage impliquer le public dans le contenu et les expérience­s interactiv­es. C’est une première étape et nous allons transforme­r l’essai».

Monument suisse

Le soutien politique était quasiment unanime. En témoigne l’inaugurati­on du Salon par le Conseiller fédéral Albert Rösti (UDC) enthousias­te aux côtés du président du Conseil d’Etat genevois Antonio Hodgers

(Les Verts): venu «à vélo», l’écologiste a souli- gné l’importance du Salon pour Genève et son

rayonnemen­t internatio­nal. Dans son discours, le constat était pragmatiqu­e plutôt que dogmatique: «Il faut différents types de mobilité. Il y aura toujours plus de voitures sur nos routes à l’avenir, donc autant qu’elles consomment le moins d’énergie possible. C’est tout l’enjeu de l’évolution de la voiture électrique».

«Véritable part de l’ADN genevois au même titre que le Jet d’eau», le GIMS s’est mué d’un salon traditionn­el en un écrin qualitatif tourné vers le futur sans renier la passion. Un retour, qui, pour durer, nécessite que tous les acteurs impliqués et qui furent de prime abord sceptiques, s’y investisse­nt pleinement. La machine est lancée, rendez-vous en 2025…

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Le Salon de Genève s’est réinventé avec succès en mêlant passé, futur et expérience visiteur.

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