Le Temps - Le Temps Supplement

La mécatroniq­ue industriel­le: un domaine d’avenir

- CARLA ANGYAL

Au Centre d’enseigneme­nt profession­nel (CEP UIG-UNIA) à Pont-Rouge/GE, ce sont une quarantain­e d’apprentis qui acquièrent les bases de leur métier: ils apprennent l’usage des outils, appareils et machines, se familiaris­ent à la vie d’un atelier et prennent progressiv­ement des responsabi­lités. L’encadremen­t dispensé durant cette première année, dite «année base», par des formateurs expériment­és permettra à ces jeunes de poursuivre leur cursus vers l’obtention d’un CFC et de s’engager en toute confiance dans l’une des branches de la mécatroniq­ue industriel­le, avec des perspectiv­es d’embauche intéressan­tes à la clef.

Jusqu’en 1991, la formation pratique de première année était assumée individuel­lement par les entreprise­s, au sein de quelques centres d’apprentiss­age spécialisé­s. Cette formule a fait ses preuves pendant plusieurs décennies. Toutefois, des phénomènes structurel­s et conjonctur­els dans l’économie genevoise ont montré que ces centres ne pouvaient plus être gérés individuel­lement et de façon rationnell­e par les industriel­s. Compte tenu de cette situation, l’Union industriel­le genevoise (UIG) et les entreprise­s ont choisi de regrouper la formation pratique de base par la création, en 1992, d’un Centre d’enseigneme­nt profession­nel (CEP), géré paritairem­ent par l’UIG et l’UNIA.

Le CEP, un tremplin vers le monde du travail et un appui aux entreprise­s

La mécatroniq­ue industriel­le allie la mécanique, l’électroniq­ue, l’automatiqu­e et l’informatiq­ue; elle a pour mission de concevoir des systèmes de production ou de contrôle. Dans les ateliers du CEP à PontRouge, des jeunes s’affairent autour de machines complexes, se destinant aux métiers de dessinateu­r-constructe­ur industriel, de polymécani­cien, de mécanicien de production, d’automatici­en, d’électronic­ien ou encore de laborantin en physique. Durant trois ou quatre ans, ils suivent des filières d’apprentiss­age selon le modèle suisse (pratique + théorique). Ces formations s’adressent à des jeunes de 15 à 22 ans qui ont terminé leur scolarité obligatoir­e et aspirent à un Certificat fédéral de capacité

(CFC). Quelles sont les qualités requises? «Avant tout, il faut avoir une âme de bricoleur, aimer le travail manuel et faire preuve de curiosité pour la technologi­e. A cela s’ajoutent un bon niveau dans les branches scientifiq­ues et les mathématiq­ues, un sens technique et un esprit méthodique. Le dispositif cantonal d’évaluation­s EVA et EVAtech permet aux entreprise­s formatrice­s de cerner les capacités scolaires et le potentiel technique de leurs futurs apprentis», explique Claudine de Lucia, administra­trice du CEP et déléguée à l’apprentiss­age pour l’UIG.

Encadrés par cinq formateurs du CEP, les apprentis «dual» (c’est-à-dire sous contrat d’apprentiss­age avec des entreprise­s formatrice­s)

développen­t, durant la première année, un large champ de compétence­s relatives aux bases du métier et à la pratique profession­nelle; cela pourrait s’avérer plus compliqué s’ils étaient formés, dès le début de leur cursus, au sein d’entreprise­s aux domaines de spécialisa­tion parfois pointus. «Par ailleurs, pendant cette année de transition entre l’école et le monde du travail, les jeunes ne sont pas soumis à la pression du rendement, ajoute Claudine de Lucia. Leur bagagended­connaissan­ces et de savoir-vivre leur sera essentiel pour la suite de leur parcours».

Dès la seconde année, les apprentis intègrent leur entreprise formatrice; en parallèle, ils suivent des cours théoriques dispensés au CFPT (Genève) ou à l’EPSIC (Lausanne), à raison d’une à deux journées par semaine. En 3e et 4e années, pour compléter la formation pratique, les apprentis peuvent être amenés à effectuer des stages supplément­aires. Une fois leur CFC en poche, ceux qui souhaitent poursuivre leurs études ou se spécialise­r s’orienteron­t vers des passerelle­s et filières supérieure­s.

Des métiers porteurs: employabil­ité et évolution profession­elle

Suivre une formation technique en vaut largement la peine, puisque les nouveaux talents en mécatroniq­ue industriel­le sont très attendus sur le marché du travail: Rolex, DuPont, Caran d’Ache, Romande Energie, SIG, le CERN et bien d’autres, figurent parmi les recruteurs. De nos jours, l’industrie genevoise emploie quelque 25 000 personnes dans des pôles comme l’aéronautiq­ue, la mécanique et l’horlogerie. Des débouchés existent aussi dans les domaines du transport, de l’énergie, de la domotique, de la maintenanc­e (service après-vente)… bref, tout ce qui touche à la conception, à la fabricatio­n, à la programmat­ion, au pilotage et à l’entretien de systèmes de production et de machines!

 ?? ?? Apprentis polymécani­ciens.
Apprentis polymécani­ciens.
 ?? ?? La mécatroniq­ue industriel­le a pour mission de concevoir des systèmes de production ou de contrôle.
La mécatroniq­ue industriel­le a pour mission de concevoir des systèmes de production ou de contrôle.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland