Le Temps

La résistance des grandes communes

Le MCG rate son coup pour les exécutifs. Eric Stauffer est en perdition à Onex

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C’était l’une des grandes questions du jour. Le MCG parviendra­t-il à forcer la porte des exécutifs dans les communes suburbaine­s malgré le jeu des alliances et l’obstacle du vote majoritair­e? La réponse, même provisoire et tributaire d’un second tour, est tombée. L’assaut a échoué et frôle déjà par endroits la déroute.

Dans son fief d’Onex, Eric Stauffer, seul conseiller administra­tif en place et figure incontesté­e de la machine électorale MCG, semble bien parti pour perdre son siège. Il arrive en quatrième position (il était donné cinquième en début de journée avant de remonter un peu) avec 1333 voix, très loin de la mieux élue, la socialiste Carole-Anne Kast, dont les 2370 voix ont flirté avec la majorité absolue. Il lui a manqué seulement 14 voix pour passer au premier tour. La Verte Ruth Bänziger et le PLR François Mumenthale­r occupent les deuxième et troisième places. L’autre PLR, Yvan Zweifel, arrive finalement cinquième, avec dix voix de moins que le leader du MCG.

Sans se faire trop d’illusions, Eric Stauffer compte bien se lancer pour le deuxième tour. «Je le dois à mon électorat», explique-t-il. Non sans ajouter: «Une alliance paraît juste impossible dans ces conditions, alors je pense que la messe est dite.» De son côté, le président du PLR, Alain-Dominique Mauris, ne cache pas son ambition de placer un élu à l’exécutif d’Onex et donc sa volonté de barrer la route au tribun MCG. Oubliée la simple position d’arbitre, le PLR ambitionne désormais «d’être présent à Onex». Et la gauche n’a rien à y redire. «Le nomducandi­dat PLR a été rajouté 600 fois sur leurs listes», fait remarquer Eric Stauffer. «Des magouilles institutio­nnelles», dira sans détour François Baertschi, le secrétaire général du parti.

Le mur de Vernier

A Vernier, deuxième ville du canton, là où le taux de chômage est le plus élevé et où les recettes du MCG – sécurité, frontière et préférence cantonale – avaient des chances de s’imposer, il n’y aura même pas de second tour. Le trio sortant, formé du socialiste Thierry Apothéloz, du PLR Pierre Ronget et du Vert Yvan Rochat, est donné gagnant à la majorité absolue.

Le retour de Thierry Cerutti, policier, député et ancien conseiller administra­tif très controvers­é, a été tué dans l’oeuf par cette coalition – front républicai­n ou citoyen, c’est selon –, qui avait déjà fait la preuve de son efficacité et qui réussit à s’imposer d’entrée de jeu avec un bilan en prime. Vernier est finalement la seule ville à s’épargner un deuxième round. Thierry Cerutti arrive en quatrième position. Sa colistière Ana Roch, au profil plus modéré et plus rassurant, fait encore moins bien.

Il n’avait pas la mine des grands jours. Dépité par ces résultats, Roger Golay, le président du MCG, sauvera peut-être lui-même l’honneur en décrochant un siège à l’exécutif de Lancy. Selon les premières projection­s, il arrive troisième derrière Frédéric Renevay (PS) et Damien Bonfanti (Verts). Le PDC Stéphane Lorenzini le talonne toutefois de près. En 2011, Roger Golay avait raté son entrée pour 209 voix. Il sait que le deuxième tour va être difficile et envisage des alliances. L’UDC, le PLR. «Rien n’est encore certain mais tout est possible», dit-il.

A Meyrin, le MCG espérait aussi placer l’ancien enseignant JeanFranço­is Girardet. Peine perdue. Ce dernier arrive cinquième. Il y aura un second tour. Même configurat­ion à Plan-les-Ouates, où le policier Francisco Valentin arrive aussi cinquième, derrière Laurent Seydoux, vice-président du Parti vert’libéral suisse, et pour l’instant aussi non élu.

Enfin, à Carouge, là où un siège était à prendre à la mairie, le gendarme et député MCG Sandro Pistis rate son coup avec une sixième place, derrière trois candidats de l’Entente et deux de l’Alternativ­e. La résistance des exécutifs à la déferlante du parti contestata­ire se confirme bien. Fati Mansour

Le Temps: Après dix ans de progressio­n, le MCG est stoppé net. Comment l’expliquer? Eric Stauffer:

C’est faux. Le MCG a terminé son premier cycle de maturité, il s’est stabilisé ou a légèrement progressé au niveau cantonal. Quand on est le premier parti dans les communes suburbaine­s, on ne peut pas croître indéfinime­nt. Maintenant, on entame le deuxième cycle, celui de la stabilisat­ion et de la consolidat­ion.

– Dans les exécutifs, le MCG essuie une cuisante défaite, non?

– Non, car le MCG a été victime de la mathématiq­ue électorale. Dans le canton du Tessin, qui connaît le système proportion­nel, j’aurais été, avec mon score, réélu, puisque en tant qu’individu je suis celui qui fait le plus de voix. Mais comme le système permet des alliances contre-nature et que nous ne mangeons pas de ce pain-là, le MCG est prétérité.

– Mais le système était le même il y a quatre ans et il ne vous a pas empêché de gagner!

– Non, la nouvelle Constituti­on, avec ses deux tours, a modifié le

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