Richard Anthony a pu s’en aller
Le chanteur français avait 77 ans
Olivier Perrin
On ne parlera pas, cette fois, du «dernier des monstres sacrés»! Mais l’interprète de «A présent tu peux t’en aller» ou de «J’entends siffler le train» – le premier titre qualifié de «tube de l’été» en France, alors qu’il n’est qu’une adaptation d’une sirupeuse mélodie du folklore américain! – a marqué toute une génération de groupies. Et de jeunes femmes voyant partir leur homme en Algérie sur ce refrain lancinant, entonné de sa voix doucereuse, reconnaissable au premier coup d’oreille: Richard Anthony est mort dans la nuit de dimanche à lundi. Il avait 77 ans.
Dix-sept tubes classés plus de vingt fois numéro un au Top 50, ce n’est pas rien. Il a d’ailleurs occupé ce rang dans une dizaine d’autres pays, jusqu’au début des années 1970, où le succès l’abandonne. La vague hippie est passée par-là et en a alors beaucoup balayé, de ces chanteurs populaires. Après une vraie traversée du désert, il tente de relancer sa carrière en 1974 avec «Amoureux de ma femme», titre qui lui vaudra un joli dernier succès de beau gosse adulé, redécouvrant les joies de la conjugalité tranquille et joyeuse.
Un modeste
Mais il a déjà fait son temps, après avoir moult fois décroché la timbale, comme avec l’adaptation de «Peggy Sue» de Buddy Holly (1958), «La leçon de twist», «Tchintchin» ou le tout à fait mythique et enjoué «Sirop Typhon» (1969).
Richard Anthony a adapté énormément de titres anglo-saxons, comme c’était la mode à l’époque, d’où une reconnaissance internationale. Mais «de toute façon», dit-il dans Salut les copains en 1962, «je ne serai jamais un Johnny Hallyday, parce que je n’ai pas un tempérament semblable au sien». C’était un modeste, Richard, qui préférait «ne pas être reconnu».
Si sa carrière ne s’est pas poursuivie, c’est qu’il s’est trouvé vraiment trop daté pour jouir d’une reconnaissance a posteriori, ce processus si typique des années 1980 en France. Son physique avait beaucoup changé, désormais plus proche de celui de M. Tout-le-monde. Un humain comme les autres, en somme.