L’Italie s’implique dans la relation Suisse-UE Libre circulation
Le chef de la diplomatie italienne Paolo Gentiloni évoque des critères souples
La question des relations de la Suisse avec l’UE, après le coup d’arrêt provoqué par la votation du 9 février 2013 «Contre l’immigration de masse», n’est pas qu’un problème helvético-suisse. Elle concerne aussi directement ses voisins, dont l’Italie. C’est en ce sens que le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, en visite à Berne jeudi, a laissé entrevoir à ses hôtes suisses une possibilité d’ouverture pour «des critères de flexibilité intelligents dans l’application des principes». Depuis la signature de la «paix fiscale» la qualité des relations entre Rome et Berne s’est très nettement améliorée. D’autant que la Suisse a été le premier pays à annoncer sa participation à l’Exposition universelle à Milan et à y ouvrir son pavillon.
En réponse à une question sur la possibilité d’une clause de sauvegarde permanente en cas de forte immigration dans un pays comme la Suisse, le ministre a admis qu’il y avait d’intenses et difficiles discussions entre Etats membres de l’UE pour trouver une formule compatible entre le respect des principes de la construction européenne et la nécessité de solutions nationales.
Pour le chef de la diplomatie italienne, le voisinage, les liens étroits avec la Suisse et la présence de milliers de travailleurs frontaliers italiens font que l’Italie se sent directement concernée. C’est en ce sens qu’il a estimé que l’Italie pouvait contribuer à la recherche d’une solution entre la Suisse et l’UE. Des propos qui vont plus loin que ceux du président français François Hollande qui, en avril, s’était contenté de «soutenir les discussions entre la Suisse et l’UE».
L’imposition des frontaliers
Selon le ministre suisse Didier Burkhalter, «il y a une prise de conscience en Italie que la relation bilatérale Suisse-UE n’est pas qu’un problème suisse. Ne serait-ce que parce que celle-ci a une profonde influence dans les régions frontalières.» C’est aussi la raison pour laquelle Paolo Gentiloni estime que la deuxième étape des discussions fiscales entre la Suisse et l’Italie, concernant l’imposition des travailleurs frontaliers au Tessin, «doit aller vite, pour éviter que les différends tournent à la polémique». La récente décision du canton du Tes- sin d’exiger un extrait du casier judiciaire avant de délivrer une autorisation de séjour, y compris pour les frontaliers, pourrait en effet provoquer une violente réaction de l’opinion italienne, admet-on dans la délégation transalpine.
Le ministre italien a aussi tenu à saluer l’importance pour toute l’Europe de l’ouverture du tunnel de base du Gothard, dans une année, mais aussi la contribution suisse pour l’aménagement des voies d’accès en Italie. Alors que l’accès de la Suisse au grand marché européen de l’électricité reste suspendu à un accord-cadre avec l’UE, l’Italie ne cache pas non plus le rôle de transit essentiel que joue la Suisse pour les échanges d’électricité avec le reste de l’Europe. Yves Petignat