Le Temps

Sepp Blatter rejette la faute sur «une minorité»

Michel Platini a demandé le départ du président de la FIFA

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Après le tremblemen­t de terre provoqué mercredi matin par la descente de police à l’hôtel Baur au Lac, tout le monde s’attendait à des répliques sismiques jeudi à Zurich.

Le président de la FIFA a ouvert le 65e congrès en fin de journée et a tout de suite mis les choses au point. Pas question pour lui de démissionn­er, ni de renoncer à un cinquième mandat vendredi, ni même de reporter le vote, comme l’a demandé l’UEFA. «Je ne peux pas surveiller tous les membres de notre famille dans le monde, a plaidé Sepp Blatter. Les actions de certains individus jettent l’opprobre sur le football et demandent des changement­s. Nous ne pouvons pas admettre que l’action de la FIFA soit traînée dans la boue. Il faut changer cela.»

«Marre! Trop, c’est trop!»

Le président a promis que cette «minorité» ne «pourra pas échapper à la loi». Réaffirman­t que la FIFA «coopère avec les autorités», il a admis qu’il faudrait «faire plus pour que chacun se comporte de façon responsabl­e et éthique».

Arrivé hier après-midi à Zurich, Michel Platini n’a pas mâché ses mots en conférence de presse. «D’un côté, il y a le foot, qui s’appelle l’UEFA, et de l’autre il y a le reste. J’ai mal au ventre en voyant ce qui se passe à la FIFA, a indiqué le président de l’UEFA (l’union européenne). Sincèremen­t, moi qui aime la FIFA, qui ai une grande admiration pour l’histoire de la FIFA, je suis écoeuré et j’en ai marre. Trop, c’est trop!»

Michel Platini n’a toutefois pas donné crédit aux rumeurs qui envisagent un boycott du vote par les membres de l’UEFA. «J’espère encore convaincre les gens. Il faut changer de président pour que la FIFA change dans l’avenir.» Dans le cas où l’élection serait reportée, le Français ne se présentera­it pas contre Sepp Blatter. Par pitié ou par prudence? «Si un jour Blatter n’est plus là, on décidera…»

En marge de cette passe d’armes, les deux hommes forts du football mondial ont pu compter leurs soutiens. Les Asiatiques ont confirmé leur fidélité à Sepp Blatter, mais l’Australie a annoncé qu’elle votera pour le prince Ali. En Allemagne, le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a estimé que «si les capacités d’auto-épuration du football ne sont pas capables [de faire le ménage], alors les pouvoirs publics doivent s’en charger».

Soutiens russe et suisse pour le président de la FIFA

En Russie, Vladimir Poutine a clairement pris position en faveur de Sepp Blatter, qu’il juge victime d’une «violation très grossière des règles de fonctionne­ment des organisati­ons internatio­nales», orchestrée par les Etats-Unis pour empêcher sa réélection. En Suisse, Ueli Maurer est venu au secours de Blatter, qui «ne doit pas être un bouc émissaire» et qui «a réalisé des choses formidable­s pour le football». Plus mesuré, son collègue du Conseil fédéral Didier Burkhalter attend de voir: «Ce qui se passe actuelleme­nt peut être un élément qui fera évoluer» les organisati­ons internatio­nales».

Enfin, le Ministère public de la Confédérat­ion a fait savoir qu’il n’avait pas prévu d’auditionne­r Sepp Blatter dans le cadre des enquêtes ouvertes pour blanchimen­t et corruption. Laurent Favre

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