Le Temps

Nike pris dans la tourmente

La marque aurait versé 40 millions en Suisse pour sponsorise­r le Brésil

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La Suisse n’en finit plus d’être citée depuis les accusation­s de corruption qui secouent la FIFA. En 1996, la somme de 40 millions de dollars aurait été versée, en toute discrétion, sur un compte helvétique par un équipement­ier américain, précisent des documents publiés mercredi par le Départemen­t de justice américain (DoJ). Les analystes voient dans cette mystérieus­e référence l’ombre d’une virgule, celle de la marque Nike.

Le paiement serait lié au contrat de sponsoring avec la Confédérat­ion brésilienn­e de football (CBF). Nike est l’équipement­ier de la sélection au maillot jaune et short bleu depuis 1996. A l’époque, le contrat, portant sur 10 ans, avait été évalué à 160 millions de dollars. Un record, qui marque une étape pour Nike, qui, depuis, rivalise avec Adidas dans le sponsoring du football.

Pour obtenir cet accord, Nike aurait versé 40 millions de dollars, via la Suisse, à Traffic Group, une entreprise brésilienn­e achetant et vendant des droits télévisuel­s ou de sponsoring. Selon le DoJ, une partie de la somme perçue a été reversée à un membre de la fédération brésilienn­e et à un responsabl­e de «haut rang» de la FIFA.

Les activités du fondateur de Traffic, l’ancien journalist­e sportif José H., sont au coeur de la trame de corruption décrite par le DoJ. Il a, selon son avocat, déjà plaidé coupable et coopère avec les autorités américaine­s. Sans confirmer faire l’objet de poursuites judiciaire­s, Nike a affirmé dans un communiqué collaborer avec les autorités tout en rappelant son engagement pour «l’éthique et le fair-play aussi bien en affaires que dans le sport».

Rôle «en principe légitime»

Avocat spécialisé dans le droit du sport, Jean-Pierre Morand rappelle que les sociétés intermédia­ires ont toujours existé dans le sport: «Leur rôle est en principe légitime. Les sponsors comme les fédération­s ont besoin d’expertise dans la recherche et la négociatio­n de contrats. Mais l’interventi­on d’un intermédia­ire créé aussi la possibilit­é d’aménagemen­ts financiers opaques. Le schéma classique c’est la rétrocessi­on occulte de commission à un tiers, qui peut être partie au contrat. Il y a alors clairement des conflits d’intérêts.»

L’avocat reconnaît la difficulté de faire le tri. «Il y a toutes sortes de sociétés intermédia­ires. Certaines ont pignon sur rue et mènent des activités légitimes. D’autres sont de vulgaires boîtes aux lettres fonctionna­nt comme des organes de redistribu­tion. Les commission­s d’agences usuelles tournent autour de 10 à 30% des sommes engagées.» Adrià Budry Carbó

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