Alain Berset célèbre le théâtre suisse
Stefan Kaegi obtient le Grand Prix
Alexandre Demidoff
Les prix ont une vertu au moins. Ils font office de photographie. Jeudi soir, le Théâtre de Winterthour a célébré les Prix suisses du théâtre, ceux qu’un jury a élus, sous l’égide de l’Office fédéral de la culture. La cérémonie ressemble un peu à une nuit des Césars, avec clip liminaire, laïus plus ou moins humide et ovation frénétique. Une salle en principe bondée a pu applaudir ce casting: la Genevoise Brigitte Rosset désignée «actrice exceptionnelle» et le Thurgovien Robert Hunger-Bühler, «acteur exceptionnel»; la metteure en scène genevoise Maya Bösch; le groupe Dramenprozessor, un collectif qui veut stimuler les écritures; mais aussi la troupe du Karl’s kühne Gassenschau qui transforme la carrière de Saint-Triphon en poudrière. Le coup de projecteur fait du bien à l’ego et au portefeuille: 25 000 francs par lauréat. Avec en prime un discours du conseiller fédéral Alain Berset.
Que suggère cette photo? Que l’humour est l’une des artères de la scène suisse, que la recherche a ses fortes têtes – Maya Bösch, le Dramenprozessor – que l’entertainment à la mode du Karl’s kühne Gassenschau a droit à tous les égards. Il est loin le temps où seul le théâtre dit intellectuel avait droit de cité. Le jury de cette deuxième édition des Prix suisses du théâtre, composé notamment de notre consoeur à la RTS Anne Fournier et de la clown Gardi Hutter, s’est voulu oecuménique. Il a eu raison. Tout comme il a bien fait d’attribuer à Stefan Kaegi, cet artiste d’origine soleuroise qui oeuvre à l’enseigne de Rimini Protokoll, son Grand Prix – 100 000 francs. Stefan Kaegi s’inscrit dans une lignée d’artistes voyageuse, lui dont les spectacles invitent parfois le public à arpenter sa ville.
Pousser au voyage, c’est aussi l’objectif des Rencontres de théâtre qui suivent la remise des prix. Un public de professionnels découvre pendant une semaine les spectacles sélectionnés par un autre jury. Ainsi Seule la mer, ce roman d’Amos Oz transposé par Denis Maillefer. Objectif avoué de cette plateforme: favoriser les échanges en Suisse. Ça aussi, c’est nouveau.