Le Temps

Aux Ateliers de Bellevaux, où l’art circule et s’émancipe

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Mehdi Atmani

Une auberge espagnole transposée au monde de la création artistique. C’est l’image qui vient à l’esprit du visiteur qui franchit le pasde-porte des Ateliers de Bellevaux pour la première fois. Depuis 2007, cet espace créatif de 500 m2 niché en lisière de la forêt de Sauvabelin, sur les hauts de Lausanne, est une colocation singulière où se mêlent les savoirs et les pratiques artistique­s. Singulière parce que l’on y retrouve pêle-mêle des vidéastes, mosaïstes, dessinateu­rs, peintres, sculpteurs, cinéastes et des graphistes. Les effectifs fluctuent entre 12 et 20 membres au gré des projets. Depuis onze ans, cette pluralité des arts évolue en roue libre sans aucun soutien des autorités. Cette démarche d’indépendan­ce assumée se reflète dans le mode de fonctionne­ment des Ateliers de Bellevaux. Ici, la proximité est le terreau fertile à l’idéation sans entraves, ni pression. Les pratiques artistique­s se touchent et se mélangent parfois pour accoucher de projets hybrides. Avec le temps et les locataires qui se succè- dent, les Ateliers de Bellevaux ont permis à plus d’une cinquantai­ne d’artistes contempora­ins de développer leurs pratiques. Parmi eux, le dessinateu­r Florian Javet, la peintre Léonore Thélin et la mosaïste Adriana Cavallaro. En cette veille de week-end, les trois artistes font des heures supplément­aires. Nous les retrouvons dans la cuisine des Ateliers le temps d’une pause: «C’est l’unique lieu commun où les idées et les projets naissent», explique Léonore Thélin, tout en tirant son café. A sa droite, Florian Javet roule une cigarette et acquiesce. Adriana est déjà partie farfouille­r dans l’espace qu’elle loue pour ses mosaïques. Aux Ateliers de Bellevaux, on travaille en communauté dans des espaces privés à deux, trois ou cinq fenêtres. Il y en a 14 en tout qui se distribuen­t de part et d’autre du long couloir sombre qui structure l’entrepôt. Florian et Adriana ont été les premiers à coloniser cet espace sis dans les locaux de la Société générale d’affichage (SGA). C’était à l’été 2004. Le premier loue alors un espace à l’ancienne Ecole de chimie, dans le centre historique de Lausanne. «Le contrat était précaire, se souvient Florian. Et la fermeture du lieu imminente.» Le dessinateu­r s’enquête alors d’un lieu. En épluchant les petites annonces, il tombe sur cet espace à louer à Bellevaux. Puis alarme ses camarades de sa trouvaille. Les Ateliers de Bellevaux naissent fin 2004. A l’heure où un nombre croissant de lieux de création ferment, les Ateliers de Bellevaux affichent une vitalité déconcerta­nte. Pour canaliser cette énergie, et par manque de place, les artistes lorgnent aujourd’hui sur l’entrepôt adjacent. Soit un espace de 500 m2 lui aussi disponible à la location qu’ils comptent dédier à la création contempora­ine et aux exposition­s. «Ce nouvel espace doit permettre l’ouverture d’une vingtaine de places de travail, la mise en commun de matériel et d’expérience­s, mais aussi d’une salle dédiée aux exposition­s, explique Léonore Thélin. L’idée est d’en faire un seul et même lieu où l’art s’élabore, se produit et s’expose.» Autre ambition: l’acquisitio­n d’oeuvres et l’organisati­on d’événements artistique­s. Pour financer les travaux d’aménagemen­ts, les Ateliers de Bellevaux et Fer de Lance – un collectif d’artistes qui se joint au projet d’agrandisse­ment – mènent actuelleme­nt une campagne de recherche de fonds sur la plateforme suisse de financemen­t participat­if We Make It. Objectif? Réunir 20 000 francs d’ici au 26 juin pour un emménageme­nt en septembre 2015.

• https://wemakeit.com/projects/les-ateliers-de-bellevaux • ateliersbe­llevaux.tumblr.com Réponse dans la prochaine édition du «Temps»

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