Le Temps

Solar Impulse 2, l’immensité pour horizon

Vol transpacif­ique

- Olivier Dessibourg

L’avion solaire a décollé samedi de Nankin, en Chine, direction Hawaii, à 8172 kilomètres de là. Le voyage devrait durer six jours. Six jours durant lesquels le pilote André Borschberg et l’équipe devront gérer au mieux les dépenses énergétiqu­es de l’appareil.

«Les sandwiches sont meilleurs que ce que je pensais», a rigolé dimanche André Borschberg lors de la retransmis­sion sur le site de Solar Impulse. Voilà au moins une certitude dans le flot d’inconnues entourant ce qui pourrait devenir un vol historique. Samedi 30 mai 2015, à 20h40, l’avion solaire suisse a en effet décollé de Nankin pour un périple de six jours et six nuits sans interrupti­on à destinatio­n de Hawaii, à 8172 km de là. Le tout en n’utilisant que le solaire comme énergie de propulsion.

Dimanche vers 20h (heures suisses, donc au milieu de la nuit pour le pilote), l’aéroplane se trouvait sur la mer du Japon, pour cette septième étape d’un tour du monde qui doit en compter douze. André Borschberg tentait tant bien que mal de réaliser ses tranches de sommeil de 20 minutes, mais les turbulence­s l’en empêchaien­t un peu. Plus tôt, il avait franchi le cinquième de la distance le séparant de son but. Or une certaine inquiétude régnait au Centre de contrôle de Monaco (MCC).

Tel Apollo 13

Alors que l’avion entrait dans la nuit, les ingénieurs faisaient tout pour qu’il la passe. La journée durant, l’aéroplane avait accumulé de l’énergie dans ses batteries, mais avait entamé 20 minutes trop tôt sa descente en vol plané. Tout fut fait, à bord, pour économiser l’énergie: sur commande du MCC, les écrans, caméras et instrument­s qui pouvaient l’être ont été éteints. Au fil des discussion­s audibles sur Internet, il y avait dans ces moments quelque chose d’Apollo 13; jadis, les ingénieurs du quartier général à Houston avaient aidé depuis le sol les trois astronaute­s à bord de leur capsule ayant subi une sévère avarie au point de compromett­re leur retour sur Terre. «C’est le travail de ces 13 dernières années qui va être testé à ses limites», confiait, lui, Bertrand Piccard, l’initiateur du projet.

Ce lundi matin, si l’avion vole encore lorsque ces lignes sont lues sur ce bon vieux papier, c’est que ce défi aura été relevé. Ne reste plus qu’à le répéter quatre fois jusqu’à Hawaii.

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