Le Temps

Le rapport qui accable HSBC bientôt public?

Un juge de New York ordonne la publicatio­n d’un rapport de 1000 pages sur l’efficacité des mesures anti-blanchimen­t. L’institut britanniqu­e et le Départemen­t de la justice s’y opposent

- FRANÇOIS PILET

Le juge Gleeson de la Cour fédérale du district Est de New York a estimé le 28 janvier dernier qu’un rapport de 1000 pages détaillant les mesures anti-blanchimen­t de HSBC devait être rendu public. La banque britanniqu­e et le Départemen­t de la justice (DoJ) s’opposent à cette décision, estimant que la publicatio­n du document ferait peser un «risque sérieux» à l’intégrité du système financier.

Le rapport avait été commandé à un expert indépendan­t après la condamnati­on de HSBC à une amende de 1,9 milliard de dollars (1,93 milliard de francs) aux EtatsUnis, en 2012, pour avoir blanchi les fonds des cartels de la drogue mexicains. L’audit devait mesurer les progrès des contrôles internes de HSBC. Problème: les conclusion­s de l’expert, qui travaille depuis deux ans sur le sujet, seraient accablante­s.

A tel point que le DoJ, la même autorité qui a poursuivi la banque, craint maintenant l es conséquenc­es de la divulgatio­n de l’audit. «Le rapport de l’expert identifie des domaines dans lesquels la compréhens­ion (par HSBC) du blanchimen­t et du crime financier est toujours lacunaire, expliquait le DoJ en juin dernier devant la cour pour demander que le document soit maintenu sous scellés. Le rapport identifie des secteurs où les nouvelles règles de surveillan­ce n’ont pas encore été implémenté­es, y compris dans des domaines où l e manque de contrôles expose HSBC à un risque sérieux de blanchimen­t. Si elles étaient rendues publiques, ces déficience­s pourraient servir de mode d’emploi à des acteurs criminels cherchant à les contourner.»

Le rapport principal est accompagné de six annexes, qui décrivent les mesures anti-blanchimen­t de HSBC aux Etats-Unis, aux Philippine­s, au Canada, en Malaisie, à Hongkong et à Oman. S’y ajoutent deux analyses «thématique­s» sur les activités de banque privée et de financemen­t du négoce, toutes deux basées en Suisse.

«HSBC et le DoJ ne veulent pas que le rapport soit publié, a rappelé le juge Gleeson dans ses considéran­ts du 28 janvier. Or j’estime qu’il s’agit d’un document judiciaire, et le que 1er amendement de la Constituti­on garantit le droit du public de le consulter.» Passé cette décision de principe, le juge Gleeson a toutefois mis un peu d’eau dans son vin. Il a ordonné la publicatio­n du rapport principal, et de seulement une des six annexes, celle concernant les Etats-Unis. La cour accepte aussi que les deux documents soient caviardés avant la publicatio­n.

HSBC et le DoJ ont jusqu’au 12 février pour rendre une version expurgée. Le DoJ n’a pas pris position sur la décision du juge. De son côté, HSBC a fait appel le jour même.

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