Le Temps

Pas de TVA unique pour relancer l’économie

Le Conseil national a débattu de la situation économique. Mais les désaccords entre la gauche et la droite restent profonds

- BERNARD WUTHRICH, BERNE n

Il est extrêmemen­t rare qu’un débat urgent au parlement débouche sur quelque chose de concret. Celui de mercredi consacré à la situation économique n’a pas échappé à la règle. Réclamé par des interpella­tions urgentes du PS, des Verts, du PDC et des Vert’libéraux, il aura confirmé que la gauche réclame une politique industriel­le active, que la droite n’en veut pas et que le ministre de l’Economie Johann Schneider-Ammann n’en pense pas grand-chose de bon non plus. Fidèle à son habitude, il veut que l’Etat se contente de fixer les conditions-cadres permettant de maintenir le chômage à un niveau bas et d’attirer des investisse­urs.

«Agenda industrie 4.0»

La gauche réclame une véritable politique industriel­le. Le PS a déposé mercredi une salve de six motions visant à «freiner la désindustr­ialisation» de la Suisse. Elles demandent un «agenda industrie 4.0», la mise sur pied d’un conseil social et économique permanent et la création d’un fonds de production pour financer des innovation­s et des start-up.

Ce fonds devrait être alimenté à hauteur de 30 milliards de francs par des inves- tissements volontaire­s de capitaux de caisses de pension. «Nous devons nous préparer à la révolution industriel­le 4.0. Une politique industriel­le moderne doit être un terreau fertile pour l’innovation», plaide Corrado Pardini (PS/BE). On peut toutefois douter que ces motions convainque­nt une majorité du parlement. Les revendicat­ions du PS et les initiative­s populaires auxquelles le parti a été associé (1:12, salaires minimaux, impôt sur les succession­s) irritent d’ailleurs Christian Lüscher (PLR/GE) au point qu’il qualifie le PS de «serial killer de l’emploi».

Lors de ce débat d’actualité, le Conseil national ne s’est prononcé concrèteme­nt que sur deux propositio­ns. La nouvelle offensive du PLR en faveur d’un taux unique de TVA, qui serait fixé entre 6 et 6,5%, a tourné au fiasco. Seuls 49 députés ont soutenu la motion libérale-radicale alors que 134 s’y sont opposés. Comme l’a rappelé le ministre des Finances Ueli Maurer, toutes les tentatives précédente­s ont échoué «parce que le taux unique alourdirai­t la charge des bas revenus et allégerait celle des hauts revenus».

1,6 milliard de recettes en moins

La propositio­n du PLR aurait exonéré la formation, les médicament­s, l’informatio­n (imprimée ou numérique) et les denrées alimentair­es de base, soit l’eau, les produits laitiers et fromagers, le pain, les fruits et légumes, les huiles et graisses comestible­s, le sucre, la confiture, le miel, le sel, les aliments pour bébés, la viande, le poisson et les boissons sans alcool. Pour le Conseil fédéral, ce scénario diminuerai­t les recettes fiscales de 1,6 milliard environ par an. Pour que l’opération soit neutre, le taux unique devrait être fixé à 7%, avertit Ueli Maurer. «La motion n’est pas réaliste, n’éveillons pas de faux espoirs», poursuit-il. La motion n’a pas trouvé grâce devant la Chambre du peuple.

Une motion de l’UDC, qui demandait que la croissance des dépenses soit alignée sur celle du produit intérieur brut par domaine de tâches, a connu le même sort. Elle a été refusée par 115 voix contre 69.

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