Le Temps

Philias va mettre fin à ses activités en septembre

Active dans la responsabi­lité sociale des entreprise­s, la fondation genevoise n’a plus les moyens financiers de poursuivre sa mission

- PHILIPPE LE BÉ

Après plus de seize années de présence dans toute la Suisse, Philias cessera ses activités dès fin septembre 2016. Le conseil de cette fondation genevoise chargée de promouvoir et d’accompagne­r l a responsabi­lité sociale des entreprise­s (RSE) a pris cette décision principale­ment pour des raisons économique­s. «Nos entreprise­s membres, une soixantain­e depuis notre création, et l es autres sont touchées par la mauvaise conjonctur­e. Pour certaines d’entre elles, dont les budgets sont souvent liés au marketing et aux ressources humaines, la RSE n’est pas une priorité en temps de crise», constate et déplore Bettina Ferdman Guerrier, fondatrice et directrice de Philias.

Surprise et consternat­ion

Faute de ressources, en baisse constante depuis deux ans, la fondation dépourvue de fonds propres n’est plus en mesure de fonctionne­r avec son équipe de six personnes. Son budget annuel de 800000 francs est essentiell­ement alimenté par ses membres. «Par ailleurs, ajoute Bettina Ferdman Guerrier, certaines entreprise­s ayant intégré la RSE ont gagné en autonomie et se passent d’experts externes.» C’est paradoxale­ment l’amère rançon du succès de cette fondation à but non lucratif.

« Surprise, étonnement et consternat­ion » sont les trois mots qui reviennent dans les réactions des sociétés membres, parmi lesquelles figurent Nestlé, UBS, Lombard Odier, Manor ainsi que Procter & Gamble. «C’est avec tristesse que nous avons appris la cessation des activités de la Fondation Philias, commente Marie-Thérèse Burkart-Arnoso, directrice des ressources humaines de Nestlé Suisse. Nous étions en effet particuliè­rement sensibles à l’importance de ces valeurs pour une économie durable.»

«Membre de Philias depuis de nombreuses années, Procter & Gamble a pu bénéficier de conseils précieux dans le domaine de la responsabi­lité sociale des entreprise­s, mais aussi d’un dense réseau d’entreprise­s et d’associatio­ns qui nous a permis de créer des liens forts avec les principaux acteurs de l a responsabi­lité sociale de la région», souligne de son côté Claude Ehretsmann, adjoint à la direction de P& G Suisse.

Philias aura aidé les entreprise­s qui la contactaie­nt, ou qu’elle contactait elle-même, à prendre des mesures concrètes dans le domaine de la RSE, comme l’engagement à recruter, durant une période limitée, des jeunes en rupture avec la société ou encore des universita­ires en quête d’un premier emploi.

Une centaine de partenaria­ts conclus

La fondation a par ailleurs organisé seize journées annuelles sur des thèmes fort variés, toujours en relation avec la RSE. Le 21 avril prochain, à l’occasion de son ultime journée annuelle, Philias abordera la question de l’impact des nouvelles technologi­es numériques sur l’emploi et la culture d’entreprise.

Au-delà des journées de volontaria­t développée­s tout au long de l’année, chacune des dix éditions de la plateforme Humagora organisée par Philias a permis à des acteurs des secteurs privé, public et associatif de conclure une bonne centaine de partenaria­ts en plus de dix ans, en faveur par exemple de l ’ i ntégration des femmes dans l’entreprise, ainsi que des personnes handicapée­s ou précarisée­s.

Bettina Ferdman Guerrier entend mener à bien avec son équipe tous les projets en cours ces six prochains mois et poursuivre son activité de blogueuse dans sa rubrique «Entreprise responsabl­e».

«La responsabi­lité sociale des entreprise­s n’est pas une priorité en temps de crise» BETTINA FERDMAN GUERRIER, FONDATRICE ET DIRECTRICE DE PHILIAS

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