Philias va mettre fin à ses activités en septembre
Active dans la responsabilité sociale des entreprises, la fondation genevoise n’a plus les moyens financiers de poursuivre sa mission
Après plus de seize années de présence dans toute la Suisse, Philias cessera ses activités dès fin septembre 2016. Le conseil de cette fondation genevoise chargée de promouvoir et d’accompagner l a responsabilité sociale des entreprises (RSE) a pris cette décision principalement pour des raisons économiques. «Nos entreprises membres, une soixantaine depuis notre création, et l es autres sont touchées par la mauvaise conjoncture. Pour certaines d’entre elles, dont les budgets sont souvent liés au marketing et aux ressources humaines, la RSE n’est pas une priorité en temps de crise», constate et déplore Bettina Ferdman Guerrier, fondatrice et directrice de Philias.
Surprise et consternation
Faute de ressources, en baisse constante depuis deux ans, la fondation dépourvue de fonds propres n’est plus en mesure de fonctionner avec son équipe de six personnes. Son budget annuel de 800000 francs est essentiellement alimenté par ses membres. «Par ailleurs, ajoute Bettina Ferdman Guerrier, certaines entreprises ayant intégré la RSE ont gagné en autonomie et se passent d’experts externes.» C’est paradoxalement l’amère rançon du succès de cette fondation à but non lucratif.
« Surprise, étonnement et consternation » sont les trois mots qui reviennent dans les réactions des sociétés membres, parmi lesquelles figurent Nestlé, UBS, Lombard Odier, Manor ainsi que Procter & Gamble. «C’est avec tristesse que nous avons appris la cessation des activités de la Fondation Philias, commente Marie-Thérèse Burkart-Arnoso, directrice des ressources humaines de Nestlé Suisse. Nous étions en effet particulièrement sensibles à l’importance de ces valeurs pour une économie durable.»
«Membre de Philias depuis de nombreuses années, Procter & Gamble a pu bénéficier de conseils précieux dans le domaine de la responsabilité sociale des entreprises, mais aussi d’un dense réseau d’entreprises et d’associations qui nous a permis de créer des liens forts avec les principaux acteurs de l a responsabilité sociale de la région», souligne de son côté Claude Ehretsmann, adjoint à la direction de P& G Suisse.
Philias aura aidé les entreprises qui la contactaient, ou qu’elle contactait elle-même, à prendre des mesures concrètes dans le domaine de la RSE, comme l’engagement à recruter, durant une période limitée, des jeunes en rupture avec la société ou encore des universitaires en quête d’un premier emploi.
Une centaine de partenariats conclus
La fondation a par ailleurs organisé seize journées annuelles sur des thèmes fort variés, toujours en relation avec la RSE. Le 21 avril prochain, à l’occasion de son ultime journée annuelle, Philias abordera la question de l’impact des nouvelles technologies numériques sur l’emploi et la culture d’entreprise.
Au-delà des journées de volontariat développées tout au long de l’année, chacune des dix éditions de la plateforme Humagora organisée par Philias a permis à des acteurs des secteurs privé, public et associatif de conclure une bonne centaine de partenariats en plus de dix ans, en faveur par exemple de l ’ i ntégration des femmes dans l’entreprise, ainsi que des personnes handicapées ou précarisées.
Bettina Ferdman Guerrier entend mener à bien avec son équipe tous les projets en cours ces six prochains mois et poursuivre son activité de blogueuse dans sa rubrique «Entreprise responsable».
«La responsabilité sociale des entreprises n’est pas une priorité en temps de crise» BETTINA FERDMAN GUERRIER, FONDATRICE ET DIRECTRICE DE PHILIAS