«Les mentalités ont mûri»
Il y a dix ans, Kaspar Schneider, chef d’AOZ, une entreprise spécialisée dans l’intégration, recevait rarement le coup de fil d’un patron. Pour «placer» des réfugiés, il devait lui-même occuper le terrain. «Aujourd’hui, je reçois chaque semaine le téléphone d’un entrepreneur qui veut faire quelque chose pour des réfugiés. Les mentalités ont mûri», témoigne le Zurichois, dont la société travaille sur mandat de communes, de cantons et de la Confédération.
Il constate dans la pratique qu’il suffit parfois de peu de chose pour convaincre un employeur d’embaucher ou de prendre à l’essai des personnes admises à titre provisoire ou des réfugiés. La première d’entre elles est de réduire les risques et dépenses des entreprises. «Un plâtrier veut engager? On remplit pour lui les demandes d’autorisation. Cela prend peut-être dix minutes mais lui ne le savait pas forcément.» Des explications sur la procédure asile ou encore sur les différences culturelles sont aussi fournies à l’entreprise. Sur le plan financier, il faut parfois faire preuve de créativité. «Certaines entreprises nous disent qu’elles veulent bien payer un stage mais pas faire de contrats. Nous pouvons alors passer par l’aide sociale qui loue en quelque sorte les services de la personne.» Il est souvent possible de s’arranger pour autant que la démarche s’inscrive dans la durabilité. «C’est la contradiction actuelle entre la discussion sur la pénurie de main-d’oeuvre et le nombre d’emplois temporaires ou sur appel qui mènent, eux, à la précarisation et ne permettent pas une formation», relève Harald Steinfort, spécialiste chez AOZ.