Numérique: tout disparaît
Ça y’est, après dix ans, je déménage. Dans les cartons, je range des centaines de CD et DVD qui ne finiront pas sur une étagère, mais à la cave. Pourquoi enlaidir un intérieur rénové dans le style épuré avec ces ribambelles multicolores qui attrapent l a poussière?
Heureusement, le fo r mat MP3 es t dépassé: avec mon ab o n n e ment su r Qobuz.com, j’accède à plus de trente mill i ons de ti t res en streaming et en qualité CD ( fo r mat FLAC), ou même en haute définition (échantillonné en 24 bits, oui on entend la différence). Tout ça pour le prix de quelques albums par mois.
Et c’est pareil pour les films. Il y a une vingtaine d’années, je désirais constituer ma filmothèque idéale et achetais des DVD pour les revoir plus tard. Un acte onéreux et futile dès lors qu’il aurait fallu plusieurs vies pour les visionner… sur un support qui est déjà obsolète. En ligne, l’offre n’est pas aussi abondante que pour la musique, mais les productions disponibles sur Netflix, Swisscom TV et d’autres sites satisfont mes attentes de cinéphile. A la fin, c’est de toute façon le temps qui manque. Un film c’est long, alors que dire des séries!
Et les livres, ceux en papier? Ils sont les derniers rescapés et vont retrouver la chal eur d’une bibliothèque. Pourtant, le confort de lecture sur ma l i seuse Kindle Paperwhite demeure inégalable à mes yeux. Il est probable que les offres de location illimitées aient bientôt raison de cet ultime fétichisme.
Le seul objet qui importe finalement en 2016, c’est son smartphone. Les ados l ’ont bien compris; eux qui entretiennent un autre rapport avec la propriété matérielle, ils ne voient plus l’in- térêt de posséder ce qui est disponible à portée de clic, et de manière quasi illimitée.
Les centaines de milliards d’applications téléchargées ne peuvent être sans incidence sur notre tendance à consommer des biens physiques. Ainsi, combien de nos achats compulsifs sont-ils désormais détournés vers les App Stores plutôt que des boutiques?
La dématérialisation pourrait-elle avoir un effet palliatif sur nos penchants matérialistes? Si tout doit aujourd’hui tenir dans notre portable, cela vaut aussi pour nos petites addictions.
Si tout doit tenir dans notre portable, cela vaut aussi pour nos petites addictions