Le Temps

Michel Tabachnik et Régis Debray, premier jour lyrique

Le compositeu­r et l’écrivain racontent leur unique collaborat­ion opératique pour «Benjamin dernière nuit». Rencontre

- SYLVIE BONIER, LYON

Deux complices. Le regard pétillant et l’agitation palpable. A une poignée d’heures de la création mondiale de leur premier opéra, Michel Tabachnik et Régis Debray reviennent brièvement sur leur aventure commune.

Tout compositeu­r rêve d’écrire un opéra. Beethoven n’en a fait qu’un, mais il aurait aimé plus. Boulez avait un projet avec Jean Genêt qui n’a pas abouti. C’est la forme d’art la plus complète où on tient la main d’une grande équipe. Il faut intégrer un texte, des décors, une dramaturgi­e, des sentiments humains qui s’imprègnent dans la partition. Mais c’est aussi une forme intimidant­e pour les mêmes raisons. était notre camp de travail, alors je n’ai pas à me plaindre… Je m’ennuie facilement à l’opéra. C’est souvent barbant. Tout le monde s’endort au bout d’une heure. Et puis j’estime que l’auteur du livret est un prolétaire au service d’un bourgeois: le compositeu­r. Tout le monde se souvient de Mozart et personne de Da Ponte. Je savais, quand Michel m’a proposé de faire un opéra, que je ne serais qu’un support, un tremplin, un point de départ. Et que ma vanité d’auteur aurait à en souffrir. Que je n’aurais qu’à me taire. En fait j’en suis ravi, car il fallait que cette pièce prenne son envol et se métamorpho­se. Elle l’a fait, et je vais vous dire: en bien. C’est un résultat emballant. Et même émouvant. Vous vous rendez compte? Emouvant!

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