Le Temps

Bulgari s’associe avec MasterCard:

La marque sort une montre à paiement à 5000 francs. La sécurité informatiq­ue est assurée par le genevois WiseKey

- VALÈRE GOGNIAT ET SERVAN PECA, BÂLE

La cohue. Mercredi soir, quelque 400 journalist­es se sont entassés dans lest and de Bulgari, à Baselworld, pour assister à sa conférence de presse. De mémoire d’employés, jamais la marque n’avait autant suscité l’intérêt.

Devant ce parterre fourni, son patron, Jean-Christophe Babin, a annoncé un partenaria­t avec le géant américain des cartes de crédit MasterCard. A l’image de la marque Swatch et de sa montre Bellamy, eux associés avec Visa, Bulgari proposera donc une montre qui permet de payer sans contact.

Selon le communiqué commun à Bulgari, à MasterCard et au spécialist­e genevois de la cybersécur­ité WiseKey (qui assure la sécurité du dispositif ), les Diagono Magnesium pourront être utilisées dans «plus de quatre millions de commerces dans 74 pays». «Et dans deux ans, ce sera quinze millions», renchérit Jean-Christophe Babin. Rencontré jeudi dans son bureau provisoire, au 3e étage du stand bâlois de la marque, l’ancien patron de TAG Heuer dégaine son propre modèle connecté qu’il porte au poignet droit.

Version industriel­le prête

Il s’agit en fait d’une version améliorée de celle présentée l’an dernier – qui ne permettait pas encore de réaliser des paiements. La première mouture a seulement été écoulée à une vingtaine d’exemplaire­s en Suisse. Un prototype qui coûtait très c her à fabriquer, explique Jean-Christophe Babin. «Maintenant, vous avez devant vous la version industriel­le.»

Principale différence: la localisati­on de la puce NFC qui n’est pas déposée à l’intérieur de la pièce, mais dans la lunette. Cette puce universell­e, que l’on trouve déjà dans certaines cartes de crédit, téléphone portables ou autres objets du quotidien, permettra d’effectuer des paie- ments – librement jusqu’à 20 euros (environ 21,80 francs) mais avec la saisie d’un code dans le terminal du magasin, pour des montants supérieurs. Elle pourra aussi, par exemple, ouvrir des coffres-forts. Et, dans un avenir plus proche, des portes. Les hôtels Bulgari de Shanghai et de Pékin sont en train d’être équipés de ces dispositif­s.

La montre devrait être commercial­isée d’ici à la fin de l’année pour un prix de 5000 francs. Aucun objectif de vente n’est articulé mais «les toutes premières réactions de détaillant­s sont positives», souligne le chef d’entreprise.

Pour l’instant, «c’est un accord uniquement avec Bulgari», précise Jean-Christophe Babin, et non pas avec LVMH. Ce qui n’exclut pas que d’autres marques horlogères en concluent également. Dans un autre segment, c’est le cas notamment de la petite marque genevoise indépendan­te Ali&Co. Au sein du géant français du luxe, Hublot et Zénith «vont peut-être ajouter des fonctions intelligen­tes à leurs montres d’ici à 2017 ou 2018», a confié à l’agence Bloomberg le patron du pôle horloger de LVMH, Jean-Claude Biver, également présent à Bâle.

Un grand écart assumé

Mardi soir, Bulgari a en outre présenté «la répétition-minute la plus fine du monde», une édition limitée à 50 pièces de 175 000 francs chacune, ainsi qu’une nouvelle déclinaiso­n de sa collection de montres pour dames Serpenti. Un joaillier romain et horloger de luxe qui fait des montres connectées? Jean-Christophe Babin assume ce grand écart: «C’est une montre de luxe, artisanale et «Swiss made». Je n’y vois donc pas de contradict­ion.» Et le patron de la comparer à une Ferrari équipée d’un moteur V12 «qui utilise l’électroniq­ue intelligem­ment».

Jean-Christophe Babin serait beaucoup moins à l’aise s’il s’agissait d’une montre connectée à Internet. «D’un ordinateur de poignet… J’ai une Apple Watch, je ne m’en cache pas, poursuit-il. Mais je ne vois toujours pas le bénéfice d’avoir une montre qui a les mêmes fonctions que mon smartphone.» Et si Bulgari finissait par se lancer? Cela ressembler­ait alors à «une Ferrari très très hybride», exclut-il dans un éclat de rire.

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JEAN-CHRISTOPHE BABIN DIRECTEUR GÉNÉRAL DE BULGARI

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