Le Temps

Médicament­s orphelins

- ROCCO FALCHETTO, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ SUISSE DE PORPHYRIE, BÂLE

(Réaction à l’article «La santé hors de prix, le débat est lancé», LT 4.11.2016) Les membres de la Société suisse de porphyrie sont affectés par des maladies génétiques très rares. Depuis plusieurs mois, ils luttent pour obtenir le remboursem­ent du seul médicament qui puisse gérer une de ces maladies. Pour des motifs économique­s, certaines assurances ont renoncé à sa prise en charge, alors qu’elles en avaient reconnu l’efficacité. Des décisions arbitraire­s prises en connaissan­ce de cause mais qui ne touchent pas le plus grand nombre (voir la pétition référencée sur le site www.porphyria.ch). Les propos de M. Cassis, président de Curafutura, laissent à penser que ces médicament­s sont responsabl­es de l’inflation des coûts de la santé. Une contrevéri­té qui s’ajoute à la blessure.

Il faut comprendre que les médicament­s orphelins qui ne concernent qu’un nombre restreint de patients ne seront jamais bon marché. Faire pression sur les prix risque de museler les efforts d’innovation dans un secteur qui a besoin de ressources et d’investisse­ments considérab­les.

M. Cassis prend aussi des libertés avec le principe fondamenta­l de la solidarité, puisqu’il souhaite apparemmen­t que les maladies rares ne soient plus prises en charge par les assurances, ce qui est tout à l’intérêt des caisses qu’il représente. Mais il aimerait surtout nous faire croire qu’il en irait du bien financier de la communauté, ce qu’il sait être faux.

Un débat sur les coûts de la santé est sans aucun doute nécessaire pour autant qu’il ne soit pas précédé d’un tri des participan­ts. Stigmatise­r une catégorie de patients, les prendre comme bouc émissaire dans un conflit économique et politique ne servira qu’à détourner l’attention sur les vrais enjeux mais jamais ne conduira à des solutions efficaces pour la collectivi­té.

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