Le Temps

Pour ses 10 ans, la HEAD déménage

Dès l’été 2017, la Haute Ecole d’art et de design (HEAD) occupera les anciennes usines Elna de Châtelaine. Un cadeau de la Fondation Hans Wilsdorf

- @ManuGrandj, @echardon EMMANUEL GRANDJEAN ET ELISABETH CHARDON

C’est déjà Noël du côté de la Haute Ecole d’art et de design de Genève. Jean-Pierre Greff vient d’annoncer que la HEAD, qu’il dirige et dont il est la cheville ouvrière depuis pile dix ans, va enfin rassembler toutes ses filières sur deux sites accessible­s en à peine quinze minutes de marche. Et ce dès l’été prochain.

Une grande nouvelle aussi pour les étudiants qui, cas unique en Suisse pour une école d’art, devaient jusqu’à présent jongler avec plusieurs bâtiments dispersés à travers la ville. L’endroit? Les deux anciennes usines de machines à coudre Elna, dont un bâtiment inspiré du Bauhaus, construit en 1944 par l’architecte Jean Erb, et celle qui fabriquait jadis les voitures Hispano-Suiza, juste en face. Toutes longent l’avenue de Châtelaine, dans le quartier des Charmilles. Soit 16 0000 mètres carrés – 2800 de plus qu’aujourd’hui – achetés par la Fondation Hans Wilsdorf sous forme de DDP (Droit distinct et permanent de superficie) à ses propriétai­res (Bénédict Hentsch et Swisscanto Invest) et offerts à l’école dans la foulée. «Cela signifie que la Fondation met à notre dispositio­n 100% de ce parc immobilier sans aucune contrepart­ie.»

Mieux qu’un joli cadeau, une sacrée reconnaiss­ance pour celui qui a fait de la HEAD l’une des grandes écoles européenne­s d’art. «Les friches industriel­les sont rares à Genève. En trouver une avec trois bâtiments les uns à côté des autres et, qui plus est, exceptionn­els en termes d’architectu­re, relève du miracle. J’aime aussi l’idée symbolique que notre école, qui produit des idées et des objets contempora­ins, emménage dans des fabriques au passé prestigieu­x», reprend JeanPierre Greff, qui cherchait depuis longtemps à pousser les murs de son établissem­ent.

«Nous sommes à l’étroit. Il nous manque les équipement­s indispensa­bles pour un établissem­ent de notre niveau. Nous n’avons pas de cafétéria, pas de réfectoire, aucun plateau de tournage pour le cinéma ni d’auditoire digne de ce nom pour accueillir des visiteurs de renommée internatio­nale.» La HEAD va néanmoins continuer à occuper la bâtisse du boulevard James-Fazy, à côté de la gare Cornavin, «parce que c’est notre base historique, que c’est là que se trouvait l’Ecole des arts industriel­s inaugurée en 1877 et que nous avons encore besoin de sa superficie». Les espaces seront ici intégralem­ent dédiés à la filière mode, bijou et accessoire­s qui s’y trouve déjà, de même que la céramique, tandis que l’administra­tion, les bureaux des professeur­s et de la direction déménagero­nt pendant l’été 2017 dans le petit immeuble moderne Elna, dessiné par Georges Addor en 1956, inscrit au patrimoine genevois.

A l’origine, il y a six ans, JeanPierre Greff projetait de fédérer les pôles de son école dans une nouvelle constructi­on. Laquelle n’a jamais dépassé le stade du projet et aurait de toute façon mis des années avant de sortir de terre. «Avec toutes les complicati­ons financière­s et structurel­les que cela suppose. Pour nous, cette solution est clairement la meilleure. Elna et l’Espace Hippomène viennent d’être refaits à neuf. Les travaux de l’ancienne usine Hispano-Suiza vont démarrer très vite, d’ici à l’été prochain pour une livraison prévue fin 2019. Ils comprennen­t une surélévati­on de deux étages mais nous souhaitons des espaces simples et adéquats pour des ateliers d’artistes. Et puis tous ces bâtiments sont magnifique­s. Ce qui fera de notre campus l’un des plus beaux d’Europe.» Les travaux pour l’ancienne usine sont estimés à 6,5 millions de francs. Pour ce bâtiment comme pour les autres, une première planificat­ion des espaces a déjà été faite. «Elle doit encore être discutée avec les équipes», rassure Jean-Pierre Greff, qui avait réuni hier tout le personnel de l’école pour annoncer la nouvelle.

Pour le directeur, l’emplacemen­t de la nouvelle HEAD va aussi participer à la dynamique d’un quartier en plein boum. «Elle va contribuer à le requalifie­r à partir des industries de la création. Les Charmilles sont appelées à un très fort développem­ent avec un lieu qui abritera bientôt des start-up, des jeunes studios et tout un écosystème en partie lié à l’école, reprend Jean-Pierre Greff. Ce projet, c’est la HEAD à la puissance 3. Les années qu’il me reste à faire sont désormais placées sous le sceau d’un enthousias­me incroyable. Il y a de quoi s’amuser pendant dix ans.»

«Les friches industriel­les sont rares à Genève. En trouver une avec trois bâtiments les uns à côté des autres relève du miracle» JEAN-PIERRE GREFF, DIRECTEUR DE LA HEAD

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(LORIS VON SIEBENTHAL) Le site de la nouvelle HEAD avec à droite le bâtiment Elna tout en longueur et l’Espace Hippomène avec sa façade rouge. A gauche, quelques vues intérieure­s.
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