Pour ses 10 ans, la HEAD déménage
Dès l’été 2017, la Haute Ecole d’art et de design (HEAD) occupera les anciennes usines Elna de Châtelaine. Un cadeau de la Fondation Hans Wilsdorf
C’est déjà Noël du côté de la Haute Ecole d’art et de design de Genève. Jean-Pierre Greff vient d’annoncer que la HEAD, qu’il dirige et dont il est la cheville ouvrière depuis pile dix ans, va enfin rassembler toutes ses filières sur deux sites accessibles en à peine quinze minutes de marche. Et ce dès l’été prochain.
Une grande nouvelle aussi pour les étudiants qui, cas unique en Suisse pour une école d’art, devaient jusqu’à présent jongler avec plusieurs bâtiments dispersés à travers la ville. L’endroit? Les deux anciennes usines de machines à coudre Elna, dont un bâtiment inspiré du Bauhaus, construit en 1944 par l’architecte Jean Erb, et celle qui fabriquait jadis les voitures Hispano-Suiza, juste en face. Toutes longent l’avenue de Châtelaine, dans le quartier des Charmilles. Soit 16 0000 mètres carrés – 2800 de plus qu’aujourd’hui – achetés par la Fondation Hans Wilsdorf sous forme de DDP (Droit distinct et permanent de superficie) à ses propriétaires (Bénédict Hentsch et Swisscanto Invest) et offerts à l’école dans la foulée. «Cela signifie que la Fondation met à notre disposition 100% de ce parc immobilier sans aucune contrepartie.»
Mieux qu’un joli cadeau, une sacrée reconnaissance pour celui qui a fait de la HEAD l’une des grandes écoles européennes d’art. «Les friches industrielles sont rares à Genève. En trouver une avec trois bâtiments les uns à côté des autres et, qui plus est, exceptionnels en termes d’architecture, relève du miracle. J’aime aussi l’idée symbolique que notre école, qui produit des idées et des objets contemporains, emménage dans des fabriques au passé prestigieux», reprend JeanPierre Greff, qui cherchait depuis longtemps à pousser les murs de son établissement.
«Nous sommes à l’étroit. Il nous manque les équipements indispensables pour un établissement de notre niveau. Nous n’avons pas de cafétéria, pas de réfectoire, aucun plateau de tournage pour le cinéma ni d’auditoire digne de ce nom pour accueillir des visiteurs de renommée internationale.» La HEAD va néanmoins continuer à occuper la bâtisse du boulevard James-Fazy, à côté de la gare Cornavin, «parce que c’est notre base historique, que c’est là que se trouvait l’Ecole des arts industriels inaugurée en 1877 et que nous avons encore besoin de sa superficie». Les espaces seront ici intégralement dédiés à la filière mode, bijou et accessoires qui s’y trouve déjà, de même que la céramique, tandis que l’administration, les bureaux des professeurs et de la direction déménageront pendant l’été 2017 dans le petit immeuble moderne Elna, dessiné par Georges Addor en 1956, inscrit au patrimoine genevois.
A l’origine, il y a six ans, JeanPierre Greff projetait de fédérer les pôles de son école dans une nouvelle construction. Laquelle n’a jamais dépassé le stade du projet et aurait de toute façon mis des années avant de sortir de terre. «Avec toutes les complications financières et structurelles que cela suppose. Pour nous, cette solution est clairement la meilleure. Elna et l’Espace Hippomène viennent d’être refaits à neuf. Les travaux de l’ancienne usine Hispano-Suiza vont démarrer très vite, d’ici à l’été prochain pour une livraison prévue fin 2019. Ils comprennent une surélévation de deux étages mais nous souhaitons des espaces simples et adéquats pour des ateliers d’artistes. Et puis tous ces bâtiments sont magnifiques. Ce qui fera de notre campus l’un des plus beaux d’Europe.» Les travaux pour l’ancienne usine sont estimés à 6,5 millions de francs. Pour ce bâtiment comme pour les autres, une première planification des espaces a déjà été faite. «Elle doit encore être discutée avec les équipes», rassure Jean-Pierre Greff, qui avait réuni hier tout le personnel de l’école pour annoncer la nouvelle.
Pour le directeur, l’emplacement de la nouvelle HEAD va aussi participer à la dynamique d’un quartier en plein boum. «Elle va contribuer à le requalifier à partir des industries de la création. Les Charmilles sont appelées à un très fort développement avec un lieu qui abritera bientôt des start-up, des jeunes studios et tout un écosystème en partie lié à l’école, reprend Jean-Pierre Greff. Ce projet, c’est la HEAD à la puissance 3. Les années qu’il me reste à faire sont désormais placées sous le sceau d’un enthousiasme incroyable. Il y a de quoi s’amuser pendant dix ans.»
«Les friches industrielles sont rares à Genève. En trouver une avec trois bâtiments les uns à côté des autres relève du miracle» JEAN-PIERRE GREFF, DIRECTEUR DE LA HEAD