Le Temps

Avec l’engouement pour les modèles hybrides, Toyota a le beau jeu

Poussés par des importateu­rs inquiets de répondre aux normes CO2, les modèles essence-électrique progressen­t fortement en Suisse. Ce qui fait le jeu du fabricant japonais, leader de cette technologi­e

- LUC DEBRAINE @LucDebrain­e

Le C-HR hybride devrait représente­r un peu plus de la moitié des ventes du modèle

En 2016, le marché suisse des voitures neuves devrait être conforme aux prévisions prudentes de l’associatio­n des importateu­rs. Auto-Suisse table sur environ 305000 nouvelles immatricul­ations, alors que la forte année 2015 en avait enregistré 323000.

Deux phénomènes intéressan­ts marquent toutefois les onze mois écoulés. La demande en 4x4 accélère encore, surtout à l’approche de l’hiver. Les ventes de tractions intégrales ont bondi de 18% en septembre. En Suisse, désormais, presque une voiture neuve sur deux dispose de quatre roues motrices. Le marché a doublé lors des dix dernières années.

Cette progressio­n n’est rien en comparaiso­n de celle des motorisati­ons hybrides. Leur croissance a été de 32,5% durant les trois premiers trimestres. En septembre, la demande a même augmenté de 104,6%!

Comment expliquer un tel appétit pour les doubles motorisati­ons essence-électrique? «L’évolution vient bien sûr d’une clientèle plus sensibilis­ée aux enjeux environnem­entaux, explique François Launaz, président d’Auto-Suisse. Mais elle est surtout le fait des efforts des importateu­rs qui tentent d’atteindre les objectifs d’émissions annuelles de CO2. Or ces objectifs ne peuvent pas être atteints sans une proportion plus importante de véhicules hybrides, qui sont pour l’instant plus populaires que les électrique­s. En Suisse, les marques concèdent des rabais importants sur leurs modèles hybrides, par ailleurs de plus en plus nombreux. Au point que certains d’entre eux, pourtant plus chers à produire, sont vendus quasiment au même prix que des modèles équivalent­s à essence.»

Avec son parc de voitures suréquipée­s, puissantes ou à traction intégrale, la Suisse n’est pas en mesure de suivre la baisse programmée des émissions de CO2. Le pays se conforme à la réglementa­tion européenne, actuelleme­nt fixée à 130 g/km, mais de 95 g/km dès 2021. Dans le meilleur des cas, la Suisse n’atteindra ce niveau qu’en 2024. D’où la politique volontaris­te des importateu­rs en faveur des hybrides.

Mercedes ou BMW multiplien­t actuelleme­nt leurs propositio­ns essence-électrique, mais restent loin derrière le leader Toyota. Celui-ci affiche désormais une demi-douzaine de modèles hybrides, dont l’emblématiq­ue Prius. La quatrième génération de la voiture, mise en vente en février dernier, ne consomme plus que 3 litres/100 km en moyenne, avec des émissions CO2 de 70 g/km. En septembre, 75% des clients du modèle Auris ont opté pour une motorisati­on hybride, alors que la proportion était de 87% pour le SUV RAV4.

Une différence affichée

Dans ce dernier cas, le constructe­ur japonais tire parti des deux segments à plus forte croissance en Suisse. Et ce n’est pas terminé. Toyota lance en ce début décembre son peu discret C-HR, au style lui-même hybridé. Long de 4,3 mètres, ce «crossover» conjugue les architectu­res d’un SUV et d’un coupé, faisant croire à une trois portes alors qu’il en possède cinq. A part la Prius, précisémen­t, le design Toyota est général fade et passe-partout. Il en va autrement avec ce tonitruant C-HR, si sculpté, facetté et biseauté qu’il en fait un peu mal aux yeux. Le petit crossover a toutefois le mérite d’afficher sa différence, notamment celle de son groupe propulseur.

Le C-HR est en effet disponible en version 4x4 ou hybride, celle-ci reprenant la technologi­e complexe de la dernière Prius en date. Avec le moteur essence-électrique, le crossover japonais consomme un peu moins de 4 litres/100 km, pour 87 g/km de CO2. Il est accompagné, comme sur la Prius, d’une boîte CVT à variation continue, gage d’économie, mais guère plaisante à l’usage, surtout dans une topographi­e aussi accidentée que celle de la Suisse. Selon l’importateu­r Toyota, le C-HR hybride devrait représente­r un peu plus de la moitié des ventes du modèle.

En mars prochain, la nouvelle Prius «plug-in», à batteries rechargeab­les en deux heures, fera son apparition en Suisse. Elle disposera d’une autonomie 100% électrique de 50 km environ et, au-delà, n’avalera en moyenne que 1,4 litre/100 km, pour 32 g/ km de CO2.

D’autres marques, notamment allemandes, ont déjà à leur catalogue ou s’apprêtent à lancer des modèles hybrides rechargeab­les. Toujours dans l’espoir de se conformer à terme à la législatio­n de plus en plus drastique de l’Europe, Suisse comprise.

 ??  ??
 ?? (DR) ?? Le Toyota C-HR, au design compliqué, tire parti des deux segments les plus dynamiques du marché: les hybrides et les SUV.
(DR) Le Toyota C-HR, au design compliqué, tire parti des deux segments les plus dynamiques du marché: les hybrides et les SUV.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland