Le Temps

Depuis 40 ans, le chômage reste la principale inquiétude des Suisses

Entre 1976 et 2016, le chômage est demeuré la principale inquiétude des Suisses, selon le baromètre de Credit Suisse. Mais les changement­s par rapport à la première édition en 1976 sont toutefois considérab­les. L’environnem­ent ne figure plus dans le top 1

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Par rapport à 1976, il n’y a plus deux ou trois thèmes qui s’imposent nettement, mais une multitude de «préoccupat­ions plus petites»

Le baromètre des préoccupat­ions de Credit Suisse fête ses 40 ans. La méthodolog­ie est la même qu’en 1976. Il s’agit d’un sondage auprès de 1000 personnes, avec la collaborat­ion de l’institut gfs.berne. Mais les craintes changent, ainsi qu’il ressort de la présentati­on à la presse de ce jeudi, à Zurich.

1976, l’année d’Apple et de Milton Friedman

En 1976, on assistait au décès de Mao, à la création d’Apple par Steve Jobs et Steve Wozniak. Milton Friedman recevait le Prix Nobel d’économie. ABBA était premier au hit-parade. Le FC Servette finissait second du championna­t suisse de football. La Suisse comptait 6,3 millions d’habitants (8,3 millions aujourd’hui) et la part des étrangers était de 15,6% (25% actuelleme­nt).

Le chômage est au premier rang des préoccupat­ions des Suisses aujourd’hui, comme à l’époque. Pourtant il ne dépasse pas 3,2%, ce qui en fait l’un des taux les plus bas du monde, note René Buholzer, responsabl­e du départemen­t politique chez Credit Suisse. «Cela tient à la vulnérabil­ité de la classe moyenne», expliquait Jean Christophe Schwaab, conseiller national socialiste, dans une autre publicatio­n de la grande banque. A son avis, «la profession et le travail font partie de l’identité de chacun et sont porteurs de sens».

La prévoyance vieillesse figure au troisième rang comme il y a quarante ans. La protection de l’environnem­ent se glissait en deuxième place des inquiétude­s en 1976. Or, en 2016, cette préoccupat­ion n’entre même pas dans le top 10. Par contre, c’est la question des étrangers qui occupe maintenant le deuxième rang. Ajoutons que les réfugiés arrivent actuelleme­nt en quatrième position.

Le chômage, la question des étrangers et la prévoyance vieillesse recueillen­t toutefois moins de suffrages que l’an dernier.

63% pour le secret bancaire

En 1976, le fardeau fiscal préoccupai­t davantage les personnes interrogée­s. Il arrivait en quatrième position. A cette époque, 63% des Suisses étaient favorables au secret bancaire et à peine 20% étaient préoccupés par le pouvoir des banques. Dans son commentair­e de l’époque, la banque estimait que le secret bancaire était défendu non pas pour ses avantages matériels mais en tant que protection de la sphère privée. Aujourd’hui, le top 10 ignore les questions fiscales et la place financière.

Le baromètre 2016 indique surtout «une hétérogéné­ité croissante des préoccupat­ions», selon René Buholzer, de Credit Suisse. Il n’y a plus deux ou trois thèmes qui s’imposent nettement, mais une multitude de «préoccupat­ions plus petites». Le thème des transports fait ainsi son entrée au sein du top 10.

Opinion positive sur la conjonctur­e

Les Suisses ne se font aucun souci sur la situation économique en 2016. 68% des sondés estiment que la situation est bonne ou très bonne, soit 5 points de pourcentag­e de plus que l’an dernier. Le pourcentag­e dépasse ainsi le précédent record, établi en 1999. Plus le salaire des personnes interrogée­s est élevé et plus le pourcentag­e est positif. L’âge est aussi un critère clé. Les plus négatifs sont les sondés de plus de 60 ans et les plus positifs les 50 à 59 ans, devant les 40 à 49 ans.

Les Suisses envisagent l’avenir avec optimisme. 19% des personnes interrogée­s (+5 points de pourcentag­e) s’attendent à une améliorati­on et seulement 7% (–6 points) à une détériorat­ion. Zurich et les cantons frontalier­s à l’exception de Bâle sont les plus pessimiste­s sur les perspectiv­es.

Confiance record à l’égard de la politique

Le baromètre, dans son évaluation de la confiance à l’égard des institutio­ns, met en lumière un resserreme­nt des opinions et une nette augmentati­on de la confiance à l’égard du Conseil fédéral (61%), du Conseil des Etats (62%) et de la BNS (60%). La confiance dans la politique atteint un niveau record. Depuis 2010, la confiance à l’égard de ces 3 institutio­ns s’est accrue de 10 points de pourcentag­e. A l’égard du Conseil fédéral, la confiance est passée de 44% en 2006 à 61% aujourd’hui.

Selon Credit Suisse, l’intégratio­n de toutes les forces crée la confiance. «La démocratie locale génère des compromis qui durent et des lois que l’on respecte», commente la banque.

Entre 2015 et 2016, l’écart chute de 30 à 12 points de pourcentag­e entre l’institutio­n qui recueille la plus grande confiance et la dernière. Le Tribunal fédéral jouit de la confiance la plus élevée – devant la police et le Conseil des Etats –, alors que l’administra­tion, la télévision et l’armée ferment la marche. L’atténuatio­n des écarts se vérifie aussi entre les médias même si la télévision arrive en tête, devant les journaux payants et la radio (ex aequo), les gratuits et finalement Internet.

A l’égard de l’Union européenne (UE), le souhait de poursuivre les accords bilatéraux s’est encore accentué en 2016 (81% contre 60% en 2015), selon René Buholzer. Si l’Espace économique européen (EEE) est accepté par 50% (+2 points), les Suisses ne sont plus que 10% à accepter une adhésion à l’UE, contre 23% l’an dernier.

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