Le Temps

A chaque phase sa solution

- HANS-JAKOB STAHEL*

Tout entreprene­ur doit décider du choix du modèle de prévoyance le plus adéquat. Ce n’est pas si simple

En matière de prévoyance profession­nelle, un entreprene­ur peut choisir auprès d’un assureur vie entre deux modèles distincts: une assurance complète et des solutions partiellem­ent autonomes. Les prestatair­es disposant d’une offre exhaustive qui, au-delà de l’assurance complète et des solutions partiellem­ent autonomes, comprend aussi une fondation d’investisse­ment pour caisses de pension autonomes ou partiellem­ent autonomes, sont très rares.

Pour beaucoup de PME, ce qui est primordial dans la prévoyance profession­nelle est que les fonds de prévoyance de leurs salariés soient en sécurité. C’est pourquoi elles misent sur l’assurance complète qui présente un atout décisif par rapport aux autres modèles: tous les risques d’assurance et d’investisse­ment sont en permanence couverts à 100%. Autrement dit, l’assureur assume l’entier des risques et la direction de la PME peut de ce fait se concentrer entièremen­t sur ses tâches quotidienn­es. De leur côté, les collaborat­eurs apprécient que leurs avoirs de 2e pilier soient en sécurité absolue.

Cela est particuliè­rement vrai quand les marchés sont peu souriants: avec une assurance complète, une sous-couverture est impossible. Cela signifie aussi qu’avec une assurance complète des versements supplément­aires aux fins d’assainisse­ment – notamment des paiements complément­aires de contributi­ons salariales durant des années aux frais de l’employeur et des employés – sont d’emblée exclus. Pour beaucoup de PME, outre l’aspect sécurité, ce point s’avère décisif pour le choix d’une assurance complète, d’éventuels versements supplément­aires pouvant constituer une lourde charge financière. La grande sécurité de l’assurance complète implique que les avoirs de pré- voyance sont investis de manière plutôt protective et que les perspectiv­es de bons rendements sont limitées. Il peut donc être opportun, du point de vue entreprene­urial, d’assumer volontaire­ment un peu plus de risque pour augmenter ses chances de rendement. Pour les entreprise­s qui veulent bénéficier de possibilit­és de rendement supplément­aires, la fondation collective partiellem­ent autonome s’impose (voir encadré). Dans ce cas, l’assurance assume les risques d’invalidité et de décès. En revanche, les avoirs de prévoyance des collaborat­eurs participen­t à l’évolution des marchés financiers. Il en résulte des opportunit­és de rendements supérieurs à long terme. Suivant la solution choisie, les entreprise­s peuvent aussi décider quels risques peuvent être pris dans les investisse­ments. Mais il convient de ne pas oublier qu’en cas de solution partiellem­ent autonome un risque de sous-couverture n’est pas exclu. Du coup, les mesures d’assainisse­ment ou le besoin de financemen­t additionne­l restent du domaine du possible.

Beaucoup de grandes entreprise­s ont leur propre caisse de pension et décident donc elles-mêmes quels risques elle peut encourir. Entendent-elles assumer le risque de décès ou d’invalidité de leurs membres ainsi que le risque d’investisse­ment? Quelle est la stratégie d’investisse­ment conforme à leur dispositio­n au risque? Les assureurs mettent à dispositio­n de telles caisses autonomes toute une palette de conseils et de services: conseils juridiques et stratégiqu­es, expertise de technique d’assurance, analyses de risque, études d’Asset & Liability Management, concepts d’investisse­ment, tenue de l’administra­tion et solutions informatiq­ues. Certains assureurs vie disposent en outre de fondations d’investisse­ment à l’aide desquelles ils proposent aux caisses autonomes des véhicules d’investisse­ment susceptibl­es d’accueillir leurs avoirs de prévoyance. Outre les aspects sécurité et rendement, la phase de vie de l’entreprise joue aussi un rôle cardinal dans le choix de la solution de prévoyance idoine. Un jeune entreprene­ur dans sa phase de start-up n’a évidemment guère le temps de se préoccuper des questions de prévoyance, ni la sienne ni celle de ses collaborat­eurs. Il est concentré sur l’édificatio­n de sa société, les premiers clients et la nécessité d’équilibrer les comptes. Dans une telle phase, la prévoyance profession­nelle doit lui demander aussi peu d’efforts que possible tout en restant bon marché et sûre. Dans la plupart des cas, il faut alors faire appel à une assurance complète, parce qu’elle est prévisible et sûre.

Dans la phase de croissance, au moment où il s’agit d’élargir la clientèle tout en fixant des processus durables, il importe de s’attacher les collaborat­eurs et d’attirer les meilleurs spécialist­es possible. Alors la prévoyance devient un argument de poids: proposer une prévoyance attrayante est un atout sensible face à la concurrenc­e. Il vaut donc la peine de la perfection­ner au profit des collaborat­eurs.

En phase de consolidat­ion, pour la plupart des entreprise­s il s’agit surtout d’accroître la rentabilit­é et d’optimiser les coûts. Il devient dès lors encore plus important de s’attacher durablemen­t les collaborat­eurs essentiels, peut-être même dans la perspectiv­e d’assurer la succession. Là également, la prévoyance profession­nelle propose des moyens appropriés: ses prestation­s peuvent être étendues pour les cadres et conçues individuel­lement. Elles peuvent comporter des opportunit­és attrayante­s d’optimisati­on fiscale.

Conclusion: la prévoyance profession­nelle comporte sans doute plus d’options sur mesure que ce qu’on pourrait penser. Un conseil profession­nel au cours duquel sont présentés les divers modèles avec leurs avantages et leurs inconvénie­nts est dès lors incontourn­able.

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