Le Temps

Les bracelets connectés ne séduisent (déjà) plus

Fitbit, en difficulté financière, serait sur le point de racheter Pebble, lui aussi mal en point. Les ventes de montres et bracelets connectés sont en chute libre par rapport à 2015. Même Apple souffre du désintérêt des consommate­urs

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

On les présentait comme des incontourn­ables, mais les montres et bracelets connectés, même chez Apple, se vendent très mal. Explicatio­ns.

De nombreux usagers rangent leur accessoire dans un tiroir après quelques semaines d’utilisatio­n

C’est un mariage entre deux entreprise­s mal en point qui se dessine. Le fabricant de montres connectées Pebble serait sur le point de se faire racheter par Fitbit, spécialisé dans les bracelets, utilisés surtout pour le sport. Cette alliance probable entre deux sociétés en difficulté financière illustre la crise que traverse le marché des objets connectés que l’on porte au poignet.

L’appétit de Fitbit pour Pebble a été révélé par le site The Informatio­n, alors que le site The Verge a obtenu de son côté confirmati­on de négociatio­ns entre les deux sociétés. Si elle devait se conclure, l’opération aboutirait certaineme­nt à la disparitio­n des montres connectées de Pebble, Fitbit étant avant tout intéressé par la propriété intellectu­elle détenue par sa proie. Depuis plusieurs mois, Pebble serait à la recherche d’un acquéreur. Le prix du rachat se situerait entre 35 et 40 millions de dollars (environ 35,47 à 40,54 millions de francs). Signe de la descente aux enfers de Pebble, Citizen aurait offert 740 millions de dollars pour le racheter en 2015, mais Pebble aurait alors refusé, selon le site Techcrunch.

Financemen­t participat­if

Pebble avait été rendu célèbre en lançant sa première montre connectée en 2012, deux ans avant l’Apple Watch. La société avait aussi démarré via une campagne de financemen­t participat­if, par Kickstarte­r, unanimemen­t saluée: 40 millions de dollars avaient été levés ainsi, plus 15 millions par le biais du capital-risque classique.

Cette somme avait permis à la société américaine de lancer plusieurs montres connectées, coûtant environ 150 francs. Fonctionna­nt tant avec des smartphone­s Android qu’avec des iPhone, ces montres, équipées d’une plateforme ouverte, ont accueilli plus de mille applicatio­ns. Les derniers modèles sont entre autres capables de mesurer le rythme cardiaque, de se connecter à Spotify et à l’assistant virtuel d’Amazon, Alexa.

Pebble, non coté en bourse, ne donne pas de chiffre sur la marche de ses affaires. En juin, la société se séparait de 25% de ses effectifs, soit 40 personnes, à cause de ventes en repli. Le marché est devenu difficile pour les montres connectées. Fin octobre, le cabinet de recherche IDC notait, dans une étude, que les ventes globales avaient baissé, en une année, de moitié au niveau mondial au troisième trimestre, à 2,7 millions d’unités. Selon IDC, Pebble est le cinquième vendeur de montres connectées sur la planète, avec une part de 3,2%. Et en un an, ses ventes ont aussi été divisées par deux, passant de 200000 à 100000 unités. A titre de comparaiso­n, Fitbit vend environ 5 millions de bracelets par trimestre.

Apple, numéro un du marché avec une part actuelle de 41,3%, aurait de son côté vu ses ventes chuter de 72%, toujours selon IDC. Dans une note, le cabinet de recherche se montrait pessimiste: «Il est désormais évident que les smartwatch­es actuelles ne sont pas pour tout le monde. […] Beaucoup de vendeurs se concentren­t sur le fitness, grâce à sa simplicité. Cependant, différenci­er l’expérience liée à une smartwatch et à un smartphone sera la clé.» Les téléphones sont dotés de plus en plus de capteurs, rendant, pour certains, l’utilisatio­n d’une montre connectée inutile.

Fitbit en baisse

Les fabricants de bracelets tels que Fitbit subissent des maux similaires. Et de nombreux utilisateu­rs rangent leur accessoire dans un tiroir après quelques semaines d’utilisatio­n. Fitbit souffre actuelleme­nt. Son action, proposée à la bourse à 50 dollars en 2015, n’en vaut plus que 8, la faute en partie à un avertissem­ent sur résultat, début novembre, qui avait fait perdre 31% au titre. Ses ventes, espérées par les investisse­urs de 1 milliard de dollars au quatrième trimestre, ne devraient se situer qu’entre 725 et 750 millions.

 ?? (DR) ?? Pebble avait démarré ses activités en les finançant via Kickstarte­r.
(DR) Pebble avait démarré ses activités en les finançant via Kickstarte­r.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland