Des peuples profondément déstabilisés
Au gré des événements récents, deux acteurs s’opposent sur le ring politique.
Le «populiste» d’une part qui, dit-on, exploite les préoccupations du peuple et instrumentalise ses angoisses en utilisant un langage simpliste pour désigner les problèmes aussi bien que les solutions.
Face à lui se dresse «l’élite» pour qui tout est toujours «plus compliqué que ça», qui exige des «solutions plus nuancées», dont le leitmotiv est qu’il ne faut pas «brusquer les choses» parce que la «complexité du monde n’a jamais été aussi grande». Malheureusement, ces éléments de langage lénifiants, additionnés à l’incohérence de trop de réponses apportées sur le terrain, peinent à convaincre une population déstabilisée par une perte de repères dans tous les domaines, économique, politique, sociétal. Quelques exemples en vrac.
Economie et finances publiques: les Etats se sont crus autorisés à dépenser sans compter par insouciance ou par clientélisme. En même temps qu’on disait au citoyen que ce n’était pas grave puisqu’un Etat ne saurait faire faillite, on l’obligeait, lui, à cotiser pour ses vieux jours ou pour sa santé, restreignant ainsi son pouvoir d’achat et son indépendance.
En même temps qu’on encadrait le crédit à la consommation parce qu’il est dangereux de s’endetter, l’ensemble de la nation vivait sur le dos des générations futures.
Et on ne parle même pas des banques centrales qui s’entêtent à faire marcher la planche à billets pour relancer une économie rétive, qui snobe cette pluie de milliards.
Immigration: on a d’abord dit qu’elle était contenue, jusqu’à ce qu’il devienne patent qu’elle était mal contrôlée au niveau des frontières de Schengen. On a dit aussi qu’elle représentait une chance pour l’économie, mais la RTS expliquait ce mercredi que 20% seulement des étrangers en Suisse correspondent aux profils dont les patrons ont besoin.
On a nié qu’elle était porteuse d’insécurité jusqu’à ce que la structure de la population carcérale vienne en asséner la preuve. Mais on a pourtant conclu de l’irritation des gens qu’ils étaient xénophobes, alors qu’ils sont simplement soucieux qu’aucune solution ne vienne remédier concrètement à cette situation.
Questions de société: en l’espace de quarante ans, on est passé d’un rigorisme présoixante-huitard à une permissivité absolue. Sous le prétexte initial d’une sexualité épanouie, on est arrivé à ce que des gamins regardent des vidéos porno en boucle et à ce que l’éducation sexuelle à l’école commence à la maternelle.
Sous prétexte de liberté, l’autorité et la discipline sont devenues des mots grossiers,
mais nombre d’adolescents rêvent d’être encadrés et guidés. Sous couvert de casser les discriminations envers les femmes, on en est arrivé à ce que les théories du genre mettent en cause la seule chose qui semblait encore avérée: la réalité de ce que nous avons entre les jambes.
Dans le même temps, la famille passait d’une conception nucléaire à une forme libre, éclatée, recomposée. Accessoirement, l’enfant devenait un droit mais cessait trop souvent d’être un devoir.
On pourrait encore citer l’école et son dérisoire jargon pédagogique, ou le monde économique qui a troqué le paternalisme d’antan pour un utilitarisme humainement néfaste, ou l’ouverture désordonnée des frontières consécutive à la mondialisation…
Inutile d’épiloguer, vous avez compris le sens de la démonstration. De fait, tous les domaines de la vie des individus ont été impactés par cette fuite en avant incontrôlée, avec pour conséquence une perte de repères mortifère que certains ont tort de juger ringarde.
Par un retour de balancier vieux comme le monde, les peuples aspirent donc désormais à ce que les choses soient simplement appelées par leur nom, à ce que leurs préoccupations soient prises en compte comme des réalités et non comme des fantasmes, et à ce qu’on leur propose des solutions.