Le Temps

Neuchâtel: tout reconstrui­re

- M. G.

NOUVEAU DÉPART Après l’acceptatio­n de l’initiative pour deux hôpitaux autonomes, le Conseil d’Etat perd dix ans d’études et de travaux. Tout est à refaire

Un mois après le crash du contre-projet du Conseil d’Etat qui voulait concentrer les soins aigus à Neuchâtel et construire un centre unique de réadaptati­on à La Chauxde-Fonds, le ministre de la Santé Laurent Kurth n’a plus qu’une chose à faire: «Le peuple a voté, il faut mettre en oeuvre l’initiative.» Celle-ci réclame deux hôpitaux «sûrs, autonomes et complément­aires», l’un dans le Littoral, l’autre dans les Montagnes. Elle a sonné le glas de la structure actuelle de l’Hôpital neuchâtelo­is (HNE), mise sur pied dès 2005.

Reste à savoir comment ces deux nouveaux établissem­ents vont fonctionne­r. Vont-ils vraiment être complément­aires ou se livreront-ils plutôt une concurrenc­e larvée? En tout cas, la victoire de l’initiative pourrait ouvrir une voie royale à un acteur privé qui pèse de plus en plus sur le paysage hospitalie­r cantonal: l’entité neuchâtelo­ise du groupe Genolier Swiss Medical Network (GSMN), propriétai­re des cliniques de La Providence et de Montbrilla­nt. Celui-ci souligne que dans le canton, le secteur privé offre 25% des lits de soins aigus ainsi que 50% des blocs opératoire­s.

Lutte à couteaux tirés

Jusqu’à la votation du 12 février, le Départemen­t de la santé de Laurent Kurth et GSMN Neuchâtel ont été à couteaux tirés. Certes, les deux parties ont conclu plusieurs partenaria­ts public-privé (PPP) sur la néphrologi­e, l’urologie et les soins intensifs. Mais il reste un important contentieu­x sur la liste hospitaliè­re cantonale, contre laquelle GSMN a recouru au Tribunal administra­tif fédéral.

Président du conseil d’administra­tion de Swiss Medical Network, Raymond Loretan affiche les ambitions de son groupe. «Nous voulons faire partie de la solution», déclaret-il au Temps. «L’issue du vote doit être interprété­e comme une chance. C’est l’occasion d’entamer une vraie réflexion sur le réseau hospitalie­r de tout l’Arc jurassien, y compris avec les hôpitaux du Jura et du Jura bernois», renchérit-il, tout en refusant d’entrer dans les détails. «C’est trop tôt. Il faut d’abord dialoguer avec tous les acteurs du dossier.»

Soucieux d’apaiser les esprits, Laurent Kurth souligne qu’il est acquis aux PPP. «Je suis ouvert, mais je souhaite qu’ils se développen­t dans le respect de l’intérêt de chacun des partenaire­s plutôt qu’en mode de conquête agressive de territoire», précise-t-il. ▅

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