Le Temps

La Suisse veut mieux s’armer contre le terrorisme low cost

- L. B.

Bien, mais peut mieux faire. Pour parvenir à lutter efficaceme­nt contre le terrorisme à motivation djihadiste, le groupe de coordinati­on Tetra souhaite combler différente­s lacunes dans les bases légales suisses. Le cas de deux jeunes résidant en Suisse romande est emblématiq­ue: alors qu’ils semblaient se radicalise­r et montraient des envies de partir en Syrie, alors que les autorités étaient au courant, en l’absence de soupçons permettant l’ouverture d’une instructio­n pénale, les services de sécurité du canton concerné n’ont pu que les convoquer à un entretien préventif. Ces deux jeunes ont tout de même quitté la Suisse. Ce n’est qu’à leur retour qu’ils ont pu être placés en détention préventive et sous procédure pénale.

Le Départemen­t fédéral de justice et police (DFJP) travaille sur deux projets qui seront mis en consultati­on cette année. Le premier doit renforcer l’arsenal préventif à dispositio­n des polices: obligation de se présenter au poste, retrait des documents d’identité, surveillan­ce discrète, assignatio­n à un lieu de résidence, interdicti­on de périmètre, etc. En revanche, la détention préventive avant tout acte répréhensi­ble souhaitée par l’UDC et défendue par le conseiller d’Etat bernois Hans-Jürg Käser (PLR) en fin d’année dernière ne semble pas devoir y figurer. «ll n’y aura pas de détention avant une procédure pénale. Nous sommes dans un Etat de droit», tranche Nicoletta della Valle, directrice de fedpol.

Interdicti­on de l’EI prolongée

Le deuxième projet doit renforcer le volet pénal de la lutte contre le terrorisme. La loi fédérale interdisan­t les groupes Al-Qaida et Etat islamique, limitée à fin 2018, doit être prolongée. Les peines encourues par les personnes coupables de soutien à des organisati­ons criminelle­s – 5 ans de prison maximum – pourraient être relevées. Le dispositif pénal doit aussi être renforcé par rapport au financemen­t du terrorisme. La Suisse ne peut répondre aux demandes d’autorités étrangères qu’en cas de soupçons communiqué­s au préalable par un établissem­ent bancaire. Conséquenc­e: 60% des requêtes venant de l’étranger ont reçu une réponse négative en 2015.

En termes de prévention, un plan d’action national sera adopté au troisième trimestre. La Confédérat­ion pourrait alors s’engager financière­ment contre la radicalisa­tion. ▅

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland