En Suisse, les professeurs sont formés à repérer les actes répétitifs de brimade
Face au mal qui a envahi les préaux, les écoles suisses s’organisent contre le harcèlement
Entre 5 et 10% des élèves sont victimes de harcèlement en Suisse, selon des études menées à Genève en 2012 et en Valais en 2013. Les primaires (4-12 ans) sont les plus exposés (prévalence entre 5 et 10%). «A ces âges, les enfants sont moins à même de se protéger et d’échapper au groupe qui harcèle. Pour les auteurs de harcèlement à cet âge, il y a parfois une dimension de jeu, ils n’ont souvent pas pleinement conscience de l’ampleur du préjudice causé à la victime», commente Serge Ghinet, qui coordonne le programme contre le harcèlement au Service genevois de santé de l’enfance et de la jeunesse. Il se trouve que 8% des élèves subissent des brimades dans la tranche d’âge 12-15 ans. Au-delà, ils ne sont plus que 4%, «car les collégiens peuvent développer des stratégies pour sortir du phénomène de groupe», poursuit-il.
Pas de profil type de la victime
En 2016, le Département de l’instruction publique a lancé un plan d’action et de prévention avec deux volets essentiels: enquêter et former d’ici à 2020 tous les personnels des établissements scolaires. Serge Ghinet précise: «L’un des objectifs est de travailler sur le repérage avec les adultes des établissements scolaires. Les groupes qui harcèlent sont discrets et bien organisés, les victimes s’expriment peu sur ce qui leur arrive. Les personnels doivent pouvoir identifier les signes qui interpellent et croiser leurs informations comme les brimades répétitives que subirait un élève.» Il poursuit: «Il n’y a pas de profil type de la victime, on peut être harcelé pour le port de lunettes, en raison d’un surpoids, de bonnes notes, d’une couleur de peau, d’une tenue vestimentaire, tout motif est bon s’il fédère le groupe harceleur.»
Les filles harcèlent moins que les garçons
Une page web est disponible: www.ge.ch/harcelement-ecole. Les élèves sont de leur côté sensibilisés au mieux vivre ensemble et assistent dans le cadre scolaire à des spectacles autour de la thématique du harcèlement. Si jadis le collégien harcelé pouvait souffler une fois rentré à la maison, il est aujourd’hui confronté à Internet, qui pénètre la sphère familiale et agit comme une caisse de résonance. «Le cyberharcèlement est un danger dans le sens où cette forme de violence dépersonnalise l’agression, il n’y a pas de face-à-face et aucun sursaut possible d’empathie», note Zoé Moody, docteure en sciences de l’éducation à Sion.
Si en Valais une fille pour cinq garçons est impliquée dans des actes de harcèlement, le ratio est de quatre pour cinq sur la Toile. Zoé Moody explique: «L’hypothèse est que les filles sont plus actives sur les réseaux sociaux car elles privilégient visiblement les violences indirectes, elles seraient plus dans le verbal.» ▅