Deux espions russes inculpés pour le piratage de Yahoo!
ÉTATS-UNIS Les accusations lancées par Washington – les plus détaillées à ce jour sur le cyberespionnage russe – aggravent le contentieux entre les deux pays
Deux espions russes et deux hackers ont été inculpés mercredi dans le cadre d’une gigantesque cyberattaque orchestrée contre Yahoo! en 2014, qui avait compromis au moins 500 millions de comptes, viennent d’indiquer les autorités américaines. Selon le communiqué du Ministère américain de la justice, ces espions du FSB, Dmiry D. et Igor S., ont «protégé, dirigé, facilité et payé des pirates informatiques criminels» pour mener des cyberattaques aux Etats-Unis et dans d’autres pays.
L’affaire est dévoilée alors que le Congrès enquête sur le piratage russe intervenu durant la présidentielle américaine. Selon un rapport de la CIA, il avait pour but de faire élire Donald Trump. Pour le nouveau ministre de la Justice, Jeff Sessions, il s’agit d’un premier acte qui permet de prouver la détermination des Etats-Unis à enquêter et à poursuivre les responsables de tels actes de piratage, dans un contexte politique des plus délicats. Lui-même est au coeur de la tourmente: il a dû admettre qu’il avait bien rencontré à deux reprises, en juillet et en septembre 2016, l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis. Ce qui lui a valu des appels à la démission parmi les démocrates, mais aussi dans son propre camp. Jeff Sessions a fini par se récuser dans toute enquête censée établir les liens exacts entre les Russes et l’entourage de Donald Trump.
Dans l’affaire Yahoo!, le but des agents était d’accéder aux comptes en ligne de journalistes russes, mais également de responsables gouvernementaux russes et américains, ainsi que de salariés d’entreprises parmi lesquels figure un gestionnaire suisse de porte-monnaie électroniques utilisant la monnaie virtuelle bitcoin. La procureure générale adjointe Mary B. McCord a donné ces informations lors d’un point presse.
Un des hackers, Alexeï B., a déjà été inculpé deux fois aux EtatsUnis, pour trois intrusions dans des entreprises liées à l’e-commerce. Le Russe a aussi été l’un des cybercriminels les plus recherchés du FBI pendant plus de trois ans. «Son attitude criminelle avérée ainsi que la notice rouge d’Interpol dont il fait l’objet n’ont pas stoppé les agents du FSB qui, au lieu de l’arrêter, l’ont utilisé pour pénétrer les réseaux de Yahoo!», a précisé la procureure. Le deuxième hacker, un binational canadien et kazakh, a été interpellé mardi au Canada sur mandat d’arrêt américain.
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