Le tour du monde en 140 films
A Fribourg, le Népal et les fantômes sont à l’honneur de la 31e édition du FIFF
La carte du monde dessinée par le FIFF montre une traînée rouge qui file d’est en ouest. Chacune des maculo-papules correspond à l’un des 140 films projetés cette année. L’épidémie de rougeole épargne les Amériques pour flamber du Liban au Bhoutan, en passant par l’Egypte, l’Inde, les Philippines, la Corée du Sud et, bien sûr, le Népal, auquel est consacrée la section Nouveau Territoire de la 31 édition du Festival international de films de Fribourg.
Depuis sa création, en 1980, la manifestation a fait un long voyage qui l’a menée du tiers-monde, c’est-à-dire une forme de paternalisme, à la diversité cinématographique. Sans préjugés de genre, le FIFF montre des oeuvres venues des cinq continents, western, comédies, fantastique, dont le seul tort est d’être boudées par des canaux de distribution trop frileux. Avec ses 43 000 entrées en 2016 (+7% de fréquentation), le festival peut s’enorgueillir de satisfaire une certaine curiosité et c’est avec fierté que l’enthousiaste Thierry Jobin, directeur artistique, présente la nouvelle édition.
Croisements de regards
En Compétition, 12 films venus de 12 pays témoignent de la variété des regards et des approches, d’Apprentice sur la formation d’un jeune bourreau à Singapour, à White Sun, drame familial népalais, d’Obscure, un documentaire terrible sur un enfant syrien, à The Cinema Travellers, qui suit les derniers représentants du cinéma itinérant indien. Deux titres, Dearest Sister (Laos) et Kati Kati (Kenya), lorgnent du côté de la section Cinéma de genre dédiée aux histoires de fantômes. Du petit Casper qui berce les enfants américains aux créatures des jungles nocturnes d’Apichatpong Weerasethakul, les fantômes hantent le 7e art. Le FIFF les invoque en 19 oeuvres, classiques (Rashômon) ou inédites (Bumbai Bird, de Kamal Musale).
Traditionnellement, le FIFF investit de nouveaux territoires. Cette année, le Népal. Thierry Jobin explique qu’il faut du temps pour observer une cinématographie émergente. Ayant repéré quelques films népalais dans les grands festivals internationaux, il invite les cinéphiles à découvrir la brève histoire de ce cinéma. Quant à la section Décryptage, le «sismographe du FIFF», elle réunit des oeuvres récentes qui se font écho les unes aux autres. Après l’islam ou le rire, le cinéma, ce «continent si jeune et déjà en pleine dérive», se prend lui-même pour objet.
Le FIFF ne se contente pas de fourguer une dose d’exotisme. Il imagine des croisements de regards, des renversements de situation. Dans Diaspora, qui invite une personnalité suisse à partager les images de son enfance à l’étranger, Myret Zaki, journaliste économique, propose de s’en mettre plein les mirettes avec cinq films évoquant l’époque où l’Egypte chantait, riait, dansait. Et il appartiendra aux invités népalais de juger les courts-métrages issus des écoles suisses.
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La journaliste Myret Zaki propose cinq films évoquant l’époque où l’Egypte chantait, riait