Le Temps

«Faire barrage à la retraite à 67 ans»

- RECUEILLIS PAR L. B. PRÉSIDENT DE TRAVAIL.SUISSE PROPOS

Le monde syndical est divisé sur la réforme des retraites. Le président de Travail.Suisse, Adrian Wüthrich, soutient le projet du parlement

La réforme des retraites a passé jeudi le cap du Conseil national au forceps. Etes-vous soulagé ou inquiet pour la suite? Le parlement – pour autant qu’il confirme son vote vendredi – laisse le peuple s’exprimer sur une question aussi importante. Je trouve cela bien. Le débat a prouvé la complexité du sujet. Au bout du compte, j’estime que cette réforme doit être soutenue. Je comprends les voix critiques. Mais un rejet serait dangereux pour l’avenir de nos rentes.

L’unité syndicale derrière ce projet semble impossible à obtenir, non? Nous en parlerons ces prochains jours au sein de Travail.Suisse. Je pense que nous soutiendro­ns la réforme. Je sais en revanche qu’à Genève, des collègues syndicalis­tes se montrent réticents. Il est clair que le travail d’explicatio­n et les discussion­s qui nous attendent ces prochains temps sont très importants. Il faudra montrer que nous avons obtenu la meilleure loi possible au vu de la compositio­n politique actuelle du parlement.

C’est-à-dire? Nous avons pu garder le niveau des rentes et l’âge de référence de la retraite à 65 ans pour tous. Cet âge de référence vaudra aussi pour les femmes, malheureus­ement, mais en contrepart­ie le projet contient aussi des améliorati­ons. Mais que se passerait-il en cas d’échec de la réforme? Le fonds AVS serait presque vide en 2030 et la droite reviendrai­t avec l’idée d’augmenter l’âge de référence à 67 ans. Qui est contre la retraite à 67 ans doit dire oui à cette réforme lors du vote le 24 septembre prochain.

En 2010, les syndicats ont coulé la baisse du taux de conversion dans le 2e pilier en votation. Aujourd’hui, vous acceptez une baisse encore plus massive. Vous reconnaiss­ez que c’est inéluctabl­e? Nous avons remporté une grande victoire en 2010 avec le maintien du taux de conversion LPP à 6,8%, parce qu’aucune mesure de compensati­on pour maintenir le niveau des rentes n’était prévue. C’est différent cette fois-ci. Si l’on se soustrait à toute idéologie, il faut reconnaîtr­e que le taux de conversion de 6% contenu dans la réforme constitue encore une bonne solution. Et ce taux ne vaudra que pour les nouveaux retraités. C’est pour cela que les rentes AVS augmentero­nt de 70 francs uniquement pour eux.

Ne craignez-vous pas la droite et les moyens qu’elle engagera pour faire échouer le projet? Je ne crois pas que le front de droite sera au final si uni que cela. Il y a des associatio­ns d’employeurs qui sont favorables à la solution et se démarquent du parlement. GastroSuis­se ou l’Union suisse des paysans devraient être de notre côté.

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ADRIAN WÜTHRICH

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