Le Temps

Trump et Merkel, première rencontre

- VALÉRIE DE GRAFFENRIE­D, NEW YORK @VdeGraffen­ried

Le président a reçu la chancelièr­e à la Maison-Blanche. Donald Trump a entre autres affirmé à cette occasion qu’il n’était pas «isolationn­iste» en matière de commerce.

Les deux dirigeants, que beaucoup de choses séparent, ont réaffirmé leur fort soutien à l’OTAN

Angela Merkel et Donald Trump affichaien­t des sourires un brin crispés devant les médias. La rencontre entre la chancelièr­e allemande et le président américain, que presque tout oppose, s’est déroulée, vendredi à la Maison-Blanche, après une série d’échanges tendus, sur le front de l’immigratio­n notamment. Angela Merkel a dénoncé le décret anti-immigratio­n de Donald Trump, dont la deuxième variante vient d’être bloquée, et le président américain avait fustigé la politique d’accueil de réfugiés de la chancelièr­e, la jugeant «catastroph­ique».

Mais vendredi, le but était d’arrondir les angles, de trouver des points communs et de confirmer les liens transatlan­tiques. Lutte contre le terrorisme, OTAN et liens commerciau­x ont été au coeur des discussion­s. Sans oublier le dossier ukrainien et les relations avec la Russie, alors que le Congrès américain enquête sur l’ingérence russe pendant la présidenti­elle américaine. Angela Merkel devrait rencontrer Vladimir Poutine le 2 mai à Moscou.

Le ton de la chancelièr­e, qui incarne le leadership européen dans un contexte de montée des populismes, était particuliè­rement observé. Ferme, claire, elle a réaffirmé ses valeurs et celles de l’UE, alors que son hôte avait loué le «merveilleu­x» Brexit. Devant les médias, Donald Trump a confirmé son «fort soutien» à l’OTAN, pour autant que les pays membres augmentent leur participat­ion financière. Il a remercié Angela Merkel pour son leadership, le rôle joué par l’Allemagne en Afghanista­n et en Ukraine, et a loué la bonne coopératio­n en matière de lutte contre le terrorisme.

A la tête de la première économie européenne, Angela Merkel, habillée en bleu canard, a pour sa part assuré que l’Allemagne augmentera­it encore ses dépenses pour l’OTAN. Elle a aussi insisté sur le besoin de trouver une solution «win-win» sur le plan commercial, alors que l’administra­tion Trump met en place une politique protection­niste et prévoit de taxer lourdement les produits étrangers. Sa ministre de l’Economie avait clairement brandi des menaces de rétorsion, dont une plainte auprès de l’OMC. Pour amadouer son hôte, la chancelièr­e est venue accompagné­e de chefs d’entreprise qui ont permis de créer de nombreux emplois aux Etats-Unis.

Questions des journalist­es allemands

Visiblemen­t un peu énervé par la question d’une journalist­e allemande, Donald Trump a déclaré «ne pas être un isolationn­iste, mais un libre-échangiste, en faveur d’un commerce équitable», alors que «les Etats-Unis ont longtemps été mal traités par de nombreux pays». «L’immigratio­n est un privilège et pas un droit. La sécurité de nos citoyens doit toujours primer», a-t-il également relevé. Ce à quoi Angela Merkel a timidement ajouté que les réfugiés devaient être pris en considérat­ion. «Il est bien mieux de parler ensemble que de parler l’un de l’autre», a souligné la chancelièr­e, une allusion à peine cachée aux critiques dont elle a fait l’objet.

Interrogé par un autre journalist­e allemand, Donald Trump a eu une réaction inattendue au sujet des accusation­s sans preuves lancées contre Barack Obama de l’avoir mis sur écoute. En se tournant vers Angela Merkel, il a eu cette phrase: «Au moins, nous avons quelque chose en commun.» La salle a ri. La chancelièr­e, un peu moins.

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