Trump et Merkel, première rencontre
Le président a reçu la chancelière à la Maison-Blanche. Donald Trump a entre autres affirmé à cette occasion qu’il n’était pas «isolationniste» en matière de commerce.
Les deux dirigeants, que beaucoup de choses séparent, ont réaffirmé leur fort soutien à l’OTAN
Angela Merkel et Donald Trump affichaient des sourires un brin crispés devant les médias. La rencontre entre la chancelière allemande et le président américain, que presque tout oppose, s’est déroulée, vendredi à la Maison-Blanche, après une série d’échanges tendus, sur le front de l’immigration notamment. Angela Merkel a dénoncé le décret anti-immigration de Donald Trump, dont la deuxième variante vient d’être bloquée, et le président américain avait fustigé la politique d’accueil de réfugiés de la chancelière, la jugeant «catastrophique».
Mais vendredi, le but était d’arrondir les angles, de trouver des points communs et de confirmer les liens transatlantiques. Lutte contre le terrorisme, OTAN et liens commerciaux ont été au coeur des discussions. Sans oublier le dossier ukrainien et les relations avec la Russie, alors que le Congrès américain enquête sur l’ingérence russe pendant la présidentielle américaine. Angela Merkel devrait rencontrer Vladimir Poutine le 2 mai à Moscou.
Le ton de la chancelière, qui incarne le leadership européen dans un contexte de montée des populismes, était particulièrement observé. Ferme, claire, elle a réaffirmé ses valeurs et celles de l’UE, alors que son hôte avait loué le «merveilleux» Brexit. Devant les médias, Donald Trump a confirmé son «fort soutien» à l’OTAN, pour autant que les pays membres augmentent leur participation financière. Il a remercié Angela Merkel pour son leadership, le rôle joué par l’Allemagne en Afghanistan et en Ukraine, et a loué la bonne coopération en matière de lutte contre le terrorisme.
A la tête de la première économie européenne, Angela Merkel, habillée en bleu canard, a pour sa part assuré que l’Allemagne augmenterait encore ses dépenses pour l’OTAN. Elle a aussi insisté sur le besoin de trouver une solution «win-win» sur le plan commercial, alors que l’administration Trump met en place une politique protectionniste et prévoit de taxer lourdement les produits étrangers. Sa ministre de l’Economie avait clairement brandi des menaces de rétorsion, dont une plainte auprès de l’OMC. Pour amadouer son hôte, la chancelière est venue accompagnée de chefs d’entreprise qui ont permis de créer de nombreux emplois aux Etats-Unis.
Questions des journalistes allemands
Visiblement un peu énervé par la question d’une journaliste allemande, Donald Trump a déclaré «ne pas être un isolationniste, mais un libre-échangiste, en faveur d’un commerce équitable», alors que «les Etats-Unis ont longtemps été mal traités par de nombreux pays». «L’immigration est un privilège et pas un droit. La sécurité de nos citoyens doit toujours primer», a-t-il également relevé. Ce à quoi Angela Merkel a timidement ajouté que les réfugiés devaient être pris en considération. «Il est bien mieux de parler ensemble que de parler l’un de l’autre», a souligné la chancelière, une allusion à peine cachée aux critiques dont elle a fait l’objet.
Interrogé par un autre journaliste allemand, Donald Trump a eu une réaction inattendue au sujet des accusations sans preuves lancées contre Barack Obama de l’avoir mis sur écoute. En se tournant vers Angela Merkel, il a eu cette phrase: «Au moins, nous avons quelque chose en commun.» La salle a ri. La chancelière, un peu moins.
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