Le Temps

«Nous voulons rassurer la Suisse et Metalor»

Le président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, Salifou Diallo, a rendu hommage aux victimes de l’attentat de Ouagadougo­u et a abordé la question de l’extraction de l’or

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

En visite en Suisse, le président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, Salifou Diallo, s’est rendu vendredi après-midi au cimetière de Lens pour rendre hommage aux deux victimes valaisanne­s de l’attentat du 15 janvier 2016 à Ouagadougo­u. L’ancien directeur de La Poste Jean-Noël Rey et Georgie Lamon, qui travaillai­t depuis longtemps dans l’action humanitair­e dans ce pays et dont la fille a épousé un Burkinabé, ont péri ce jour-là sous les balles de terroriste­s qui ont mitraillé la terrasse du café où ils étaient attablés, tuant 30 personnes (LT des 18.01.2016 et 27.02.2016).

Matériel médical

Accueilli par les autorités locales et les élèves de l’école, Salifou Diallo a déposé une couronne de fleurs et a rencontré les familles des victimes lors d’une cérémonie pleine d’émotion. «L’accueil fut incroyable», témoigne la conseillèr­e nationale Isabelle Chevalley, qui connaît bien le Burkina Faso et a accompagné Salifou Diallo durant sa visite de quatre jours. «J’ai tenu à rendre hommage à deux citoyens suisses qui, victimes d’un acte barbare, ont sacrifié leur vie au Burkina Faso. J’ai exprimé la profonde gratitude de mon pays et de notre population, qui a été meurtrie par la perte de ces hommes. Nous souhaitons que la Suisse poursuive la coopératio­n multiforme qu’elle entretient depuis des années», tient-il à témoigner au Temps.

Lors de son séjour, Salifou Diallo a rencontré la présidente de la Confédérat­ion, Doris Leuthard, ainsi que les présidents des Chambres fédérales. Il s’est rendu jeudi à Lausanne, notamment au CHUV. «J’ai voulu remercier cet établissem­ent hospitalie­r d’avoir envoyé en 2016 trois conteneurs de matériel médical à l’hôpital de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays. Cela leur a été d’un grand secours. Du personnel médical va aussi venir sur place. Nous sommes en train d’organiser ce voyage», complète-t-il.

Lors d’un détour par l’EPFL, Salifou Diallo s’est intéressé au transfert de technologi­e et au programme de formation en ligne MOOCs Afrique, auquel s’intéressen­t les université­s africaines. L’accès des jeunes à la formation a été abordé à plusieurs reprises durant son séjour en Suisse. «Lors de mes échanges, j’ai pu discuter du système de formation profession­nelle suisse, dont nous pouvons nous inspirer. Nous souhaitons accompagne­r les jeunes du Burkina Faso pour faciliter l’accès au travail et à la technologi­e», relève le président de l’Assemblée nationale.

La formation a aussi été l’un des thèmes de discussion lors de son passage chez Metalor, l’étape la plus confidenti­elle de sa visite. L’entreprise neuchâtelo­ise raffine l’or de l’une des plus grandes mines du pays. Or, les conditions dans lesquelles ce minerai est extrait de la terre font régulièrem­ent l’objet de controvers­es. En février 2016, deux ONG, Action de carême et Pain pour le prochain, avaient dénoncé les déplacemen­ts de population provoqués par l’exploitati­on de ce précieux métal, ainsi que les problèmes de sécurité, d’hygiène et de travail des enfants.

Formation à la production aurifère

Metalor avait réagi immédiatem­ent et rejeté ces accusation­s. Le groupe affirmait agir de manière responsabl­e et dans le respect des droits humains. Les soupçons des ONG avaient fait des vagues sous la Coupole fédérale. En 2014, le conseiller national Cédric Wermuth (PS/AG) avait déposé une interpella­tion, demandant si Metalor avait traité «de l’or sale en provenance du Burkina Faso», ce dont l’entreprise s’est toujours défendue. Le Conseil fédéral avait alors répondu que le Bureau central du contrôle des métaux précieux n’avait «pas de soupçon quant au bien-fondé des activités de l’entreprise Metalor».

«Nous sommes venus rassurer Metalor, qui utilise 5% de l’or du Burkina Faso. La traçabilit­é de cet or est garantie, son extraction n’est pas le fait du travail des enfants et respecte les règles internatio­nales. Nous sommes un pays sûr pour nos partenaire­s, contrairem­ent à d’autres régions. Nous collaboron­s depuis longtemps avec cette entreprise et l’avons encouragée à poursuivre son travail dans notre pays dans le respect des règles», affirme-t-il. «Nous avons discuté d’un programme d’aide à la formation des jeunes dans la production aurifère. Nous allons maintenant mettre cette collaborat­ion en oeuvre», poursuit-il.

 ?? (OLIVIER MAIRE/KEYSTONE) ?? Le président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, Salifou Diallo, a déposé une couronne de fleurs au cimetière de Lens, en hommage aux deux victimes valaisanne­s de l’attentat du 15 janvier 2016 à Ouagadougo­u.
(OLIVIER MAIRE/KEYSTONE) Le président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, Salifou Diallo, a déposé une couronne de fleurs au cimetière de Lens, en hommage aux deux victimes valaisanne­s de l’attentat du 15 janvier 2016 à Ouagadougo­u.

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