Un privé accuse Vaud d’entrave à l’innovation
Fondateur d’un logiciel qui recense les futurs chantiers à Genève et Vaud, Guilhem Tardy a déposé une plainte pénale. La Chancellerie vaudoise se dit prête à collaborer jusqu’à la révision de son propre système
Au bord du Léman, le recensement des mises à l’enquête est au coeur d’une bataille juridique. Le fondateur d’un système d’alerte interactif, accusé de faire concurrence à la plateforme cantonale d’information Camac, a déposé une plainte pénale contre l’Etat de Vaud pour calomnie et concurrence déloyale. Motif: le chancelier d’Etat a qualifié son site, Pilierpublic.com, d’illégal sur les ondes de la RTS le 16 février dernier. L’Etat maintient quant à lui sa volonté provisoire de collaborer jusqu’à la révision du système en 2018.
Informaticien de formation, Guilhem Tardy a créé son application Web en octobre 2016 pour le canton de Vaud puis l’a étendu à Genève en décembre. Celle-ci se nourrit des données de la Camac, reprises aussi par la Feuille des avis officiels (FAO), et permet d’identifier les constructions à venir dans un périmètre modulable ou par mots-clés.
Un outil que le développeur juge plus performant que l’offre de l’Etat «dont un audit technique fin 2015 a démontré les risques en termes de sécurité» et qui est limitée à un rayon de 2 km. Il ajoute qu’InfoCamac a récemment subi une panne d’un mois. «Durant cette période, ma plateforme a fourni 2794 alertes à des propriétaires, des gérances immobilières, mais aussi à des avocats.»
«Position du canton pas cohérente»
Les tensions avec le canton de Vaud ont démarré dès le lancement de l’application. «L’Etat prétend soutenir les entreprises innovantes, mais interdit à un concurrent de faire mieux, déplore Guilhem Tardy. Ce n’est pas cohérent.» Avec son logiciel, il veut permettre aux propriétaires de s’opposer à des chantiers à temps. Lui-même a été importuné par des constructions autour de sa maison à Pully ces dernières années.
A la Chancellerie, on déplore la tactique judiciaire. «J’assume mes propos, déclare le chancelier d’Etat Vincent Grandjean. La publicité de Pilierpublic.com, en particulier l’usage du drapeau vaudois et la mention de la FAO, prêtait à confusion, nous devions obtenir des précisions.» Il indique néanmoins que la possibilité de s’entendre existe toujours. «La refonte du système amènera à déterminer quelles données pourront ou non être traitées par des tiers à des fins commerciales.»
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