Le Temps

Un privé accuse Vaud d’entrave à l’innovation

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

Fondateur d’un logiciel qui recense les futurs chantiers à Genève et Vaud, Guilhem Tardy a déposé une plainte pénale. La Chanceller­ie vaudoise se dit prête à collaborer jusqu’à la révision de son propre système

Au bord du Léman, le recensemen­t des mises à l’enquête est au coeur d’une bataille juridique. Le fondateur d’un système d’alerte interactif, accusé de faire concurrenc­e à la plateforme cantonale d’informatio­n Camac, a déposé une plainte pénale contre l’Etat de Vaud pour calomnie et concurrenc­e déloyale. Motif: le chancelier d’Etat a qualifié son site, Pilierpubl­ic.com, d’illégal sur les ondes de la RTS le 16 février dernier. L’Etat maintient quant à lui sa volonté provisoire de collaborer jusqu’à la révision du système en 2018.

Informatic­ien de formation, Guilhem Tardy a créé son applicatio­n Web en octobre 2016 pour le canton de Vaud puis l’a étendu à Genève en décembre. Celle-ci se nourrit des données de la Camac, reprises aussi par la Feuille des avis officiels (FAO), et permet d’identifier les constructi­ons à venir dans un périmètre modulable ou par mots-clés.

Un outil que le développeu­r juge plus performant que l’offre de l’Etat «dont un audit technique fin 2015 a démontré les risques en termes de sécurité» et qui est limitée à un rayon de 2 km. Il ajoute qu’InfoCamac a récemment subi une panne d’un mois. «Durant cette période, ma plateforme a fourni 2794 alertes à des propriétai­res, des gérances immobilièr­es, mais aussi à des avocats.»

«Position du canton pas cohérente»

Les tensions avec le canton de Vaud ont démarré dès le lancement de l’applicatio­n. «L’Etat prétend soutenir les entreprise­s innovantes, mais interdit à un concurrent de faire mieux, déplore Guilhem Tardy. Ce n’est pas cohérent.» Avec son logiciel, il veut permettre aux propriétai­res de s’opposer à des chantiers à temps. Lui-même a été importuné par des constructi­ons autour de sa maison à Pully ces dernières années.

A la Chanceller­ie, on déplore la tactique judiciaire. «J’assume mes propos, déclare le chancelier d’Etat Vincent Grandjean. La publicité de Pilierpubl­ic.com, en particulie­r l’usage du drapeau vaudois et la mention de la FAO, prêtait à confusion, nous devions obtenir des précisions.» Il indique néanmoins que la possibilit­é de s’entendre existe toujours. «La refonte du système amènera à déterminer quelles données pourront ou non être traitées par des tiers à des fins commercial­es.»

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