Le Temps

L’agricultur­e suisse s’adapte aux règles de l’OMC

EXPORTATIO­NS La contributi­on fédérale à l’exportatio­n de produits alimentair­es à base de lait et de céréales suisses doit être supprimée. Les mesures compensato­ires sont fraîchemen­t accueillie­s par les paysans et le lobby agroalimen­taire

- MAGALIE GOUMAZ, BERNE @magaliegou­maz

Chocolat, biscuits, pâtes, aliments pour enfants, boissons lactées: la Confédérat­ion ne soutiendra plus l’exportatio­n de cette gamme de produits fabriqués avec de la matière première indigène, à savoir du lait et des céréales. La mort de la loi chocolatiè­re, après quarante ans de service, est la suite logique des décisions prises fin 2015 à Nairobi, lors de la Conférence ministérie­lle de l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC). A cette occasion, les pays membres ont accepté d’éliminer les subvention­s à l’exportatio­n.

En Suisse, la loi chocolatiè­re permet aux produits helvétique­s d’être concurrent­iels à l’étranger. Le Conseil fédéral a cependant défini ce mercredi une série de mesures compensato­ires pour les secteurs touchés. Il propose d’augmenter le budget agricole – environ 3,5 milliards de francs en 2017 – de 67,9 millions de francs par an. Cet argent sera destiné directemen­t aux producteur­s de lait et de céréales et non plus à l’industrie alimentair­e exportatri­ce. Par contre, cette dernière pourra se procurer plus facilement de la matière première à l’étranger en franchise de douane pour sa production destinée à l’exportatio­n. Le parlement doit encore se prononcer.

Principe incontesté

Sur le principe, l’adaptation de la Suisse aux règles internatio­nales du commerce et l’abolition de la loi chocolatiè­re telle qu’elle a été conçue ne sont pas contestées. Le mécanisme de remplaceme­nt par contre a déjà fait l’objet de critiques lors de la phase consultati­ve. A commencer par celles de l’Union suisse des paysans (USP). Son directeur, le conseiller national Jacques Bourgeois (PLR/FR), reproche au Conseil fédéral de chercher à raboter une nouvelle fois la contributi­on fédérale à l’agricultur­e.

Certes, les producteur­s bénéficier­ont d’un soutien direct, dans le cadre de la politique agricole. Mais Jacques Bourgeois constate que le compte n’y est pas. La loi chocolatiè­re actuelle est assortie d’un montant de près de 95 millions de francs suisses, contre 67,9 millions dans le présent projet. Le conseiller national espère trouver une majorité au parlement pour corriger le tir.

Sur ce point, le lobby agricole aura le soutien de celui de l’industrie agroalimen­taire. Secrétaire de la Fédération des industries alimentair­es suisses (FIAL), Urs Furrer regrette également la décision du Conseil fédéral. «67,9 millions, ce n’est pas suffisant», estime-t-il, ajoutant que tous les acteurs de la branche ont intérêt à unir leurs forces.

Une autre mesure fera aussi l’objet de discussion­s: la simplifica­tion de la procédure d’autorisati­on du trafic de perfection­nement actif. Un terme quelque peu barbare mais que l’industrie agroalimen­taire connaît bien. Il s’agit de lui permettre d’accéder plus facilement à de la matière première à l’étranger pour la fabricatio­n de produits destinés à l’exportatio­n. L’USP craint que cet instrument serve d’épée de Damoclès sur les paysans helvétique­s. Et c’est plus ou moins ce que confirme Urs Furrer: «Nous voulons travailler avec l’agricultur­e suisse. Parce que nous voulons proposer des produits suisses. Mais nous devons également avoir une alternativ­e lorsque les prix ne sont pas réalistes», conclut-il.

Sur le principe, l’abolition de la loi chocolatiè­re telle qu’elle a été conçue n’est pas contestée

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(GAËTAN BALLY/KEYSTONE) L’exportatio­n de certains produits fabriqués à partir de lait et de céréales suisses ne sera plus soutenue par la Confédérat­ion. Un mécanisme de remplaceme­nt est en cours de discussion, mais il n’enchante pas les milieux concernés.

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