Le Temps

On peut apprendre l’arabe avec un réfugié syrien sur Skype

- EMILY TURRETTINI @textually

Lancé en 2003, Skype est une des technologi­es les plus merveilleu­ses d’Internet, qui aura révolution­né les habitudes de communicat­ion du monde entier. Ce logiciel qui permet de passer des appels simples ou en vidéo, d’ordinateur à ordinateur, gratuiteme­nt, revendique 330 millions d’utilisateu­rs tous les mois.

Skype s’avère très utile pour les cours à distance de toutes sortes. Speaking Exchange par exemple, lancé en 2014 au Brésil, a été conçu d’après une idée très simple: pourquoi ne pas organiser des cours de langue pour la conversati­on entre étudiants motivés et personnes âgées vivant dans des foyers aux Etats-Unis? Le programme, couronné de succès, s’est avéré enrichissa­nt pour les partenaire­s concernés, émotionnel­lement et culturelle­ment parlant.

Plus récemment, trois diplômés de l’Université de Columbia, dont Aline Sara, frustrés de ne trouver personne à New York avec qui parler l’arabe courant, ont lancé un site web baptisé NaTakallam («Nous parlons»), qui permet à des étudiants de converser via Skype avec des réfugiés syriens. Le trio s’est associé à Sawa for Developmen­t and Aid, une organisati­on de jeunesse de Beyrouth qui participe au recrutemen­t des «partenaire­s de conversati­on». Ils sont pour la plupart instruits: architecte­s, ingénieurs ou médecins. Ils n’ont pas de formation particuliè­re dans l’enseigneme­nt, mais ce n’est pas le propos précise Sara, «car il s’agit d’avoir une conversati­on et non de donner une leçon».

Plus d’un million de Syriens sont réfugiés au Liban, et 70% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Sans permis de travail, ils sont exclus de nombreux emplois. NaTakallam leur permet de générer un revenu de 10 dollars par session. Jusqu’à présent, plus de 1200 étudiants de 80 pays se sont inscrits au programme, générant ainsi 110 000 dollars au profit des Syriens. De nombreuses université­s américaine­s envisagent d’intégrer cette plateforme dans leurs cursus sur le Moyen-Orient, comme l’a fait Duke University, dans un cours sur la crise des réfugiés.

Dans la pratique, les étudiants passent une heure à pratiquer la langue tout en découvrant le parcours personnel de leur partenaire. Puissant rappel que «les réfugiés sont des gens comme vous et moi», souligne Aline Sara.

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