Le Temps

Office des poursuites: la justice s’en mêle

Le Ministère public genevois a ouvert une procédure pénale à la suite d’un rapport accablant visant l’Office des poursuites

- LAURE LUGON ZUGRAVU @LaureLugon

Le Ministère public n’aura pas tardé. Moins d’un mois après un rapport fâcheux sur l’Office des poursuites de Genève, issu d’une sous-commission parlementa­ire et accepté entre-temps par le Grand Conseil, le parquet confirme au Temps «avoir ouvert une procédure pénale à la suite du rapport en question». Mais il se refuse à d’autres commentair­es, notamment sur les infraction­s visées.

Ce rapport faisait état d’un dysfonctio­nnement général, dû en partie à un changement de système informatiq­ue en 2016. Ce qui avait occasionné des doublons dans les fichiers, des commandeme­nts de payer bloqués, de faux débiteurs, des émoluments en attente d’être versés et de l’argent en déshérence. Sans compter un taux d’absentéism­e qui frôle les 10%. En cause également: un fonctionne­ment clanique. Autant de problèmes qui ne relèvent toutefois pas du pénal. C’est donc ailleurs que le parquet va aller mettre son nez. Car le fameux rapport faisait aussi état d’allégation­s concernant des soupçons de vol, de corruption et de harcèlemen­t sexuel.

«Un climat d’omerta»

Pour le député socialiste Alberto Velasco, coauteur du rapport avec Sandra Golay, députée MCG, c’est une bonne nouvelle: «Je me réjouis que la justice se mêle enfin de cette histoire! En tant que députés, nous avons eu peu de temps et de moyens pour réaliser ce travail. C’est la raison pour laquelle on nous a accusés d’avancer des allégation­s sans preuves. Il règne un climat d’omerta à l’Office des poursuites, et je pense que les gens seront plus enclins à parler à un procureur.»

Allégation­s sans preuves? La sous-commission ne disposait en effet que d’un faisceau d’indices, fondés sur quelques témoignage­s. Ce qui avait fait réagir le ministre de tutelle, Serge Dal Busco, qui avait dénoncé une confusion entre faits et jugements de valeur des auteurs, ainsi que le recours aux verbes impersonne­ls et au conditionn­el. Interrogé sur l’ouverture de cette procédure, le Départemen­t des finances rappelle le manque de preuves fournies dans ce rapport concernant de possibles infraction­s pénales et le fait que ces dernières ressortaie­nt à un «passé plus ou moins lointain, antérieur à 2010 dans certains cas». Il ajoute: «N’ayant pas connaissan­ce de telles infraction­s, le Départemen­t des finances a toutefois invité les auteurs du rapport à dénoncer au Ministère public d’éventuels faits de nature pénale. Cette procédure est donc lancée et il attend avec intérêt son résultat, tout en poursuivan­t la démarche constructi­ve de restaurati­on du bon fonctionne­ment de l’Office des poursuites.»

Cette procédure risque pourtant d’affecter un personnel déjà soumis à quelques turbulence­s. Ce qui fait dire au PLR Jean Romain, vice-président du Grand Conseil: «Il ne s’agit pas de décourager les fonctionna­ires qui travaillen­t à l’Office des poursuites et qui ne sont pas visés par cette enquête, car cette situation ne dépend pas d’eux.»

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