Un projet pour traquer les substances chimiques dans l’organisme
L’Office fédéral de la santé publique lance une étude visant à mieux comprendre l’impact sur la santé de certains polluants
Phtalates et bisphénol dans les emballages en plastique, parabènes dans les cosmétiques, articles ménagers contenant des agents toxiques, pesticides… la liste des substances chimiques auxquelles nous sommes quotidiennement confrontés est longue. Mais quel est leur impact sur notre santé? En quoi favorisent-elles l’apparition de certaines maladies?
Pour le savoir, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a lancé, lundi à Berne, un projet national visant à mesurer l’exposition à certains polluants et perturbateurs endocriniens, mais aussi la présence d’éventuelles carences alimentaires dans la population.
La phase pilote, d’une durée de quatre ans, se déroulera dans un premier temps à Bâle et Lausanne, deux centres possédant une expertise reconnue dans ce type d’études épidémiologiques. Elle se basera sur la récolte d’échantillons biologiques (sang et urine) de 1000 personnes âgées de 20 à 69 ans, dont le recrutement commencera à la mi-2018. L’étude s’appuiera également sur la Swiss Biobanking Platform, une structure mise en place par le Fonds national suisse de la recherche scientifique.
Données lacunaires
«Notre but à long terme serait d’instaurer une cohorte nationale comptant 100000 participants suivis à intervalles réguliers, explique Martine Bourqui-Pittet, chargée du projet et responsable de la section Evaluation des risques de l’OFSP. La Suisse manque clairement de données de santé concernant sa population. Les études réalisées jusqu’à présent sont ponctuelles et lacunaires, elles ne permettent pas de donner une image globale de notre exposition aux produits chimiques.»
A titre de comparaison, plusieurs pays européens (Allemagne, République tchèque…) et nord-américains (Etats-Unis, Canada) possèdent de longue date ce type de programmes nationaux de biosurveillance, permettant de donner un aperçu clair des substances auxquelles les habitants sont confrontés.
Par ailleurs, faute de valeurs de référence, les décisions politiques en matière de gestion du risque lié aux produits chimiques sont actuellement essentiellement basées sur les données de pays voisins. Les variables locales, comme l’environnement industriel, l’utilisation de pesticides, de produits cosmétiques ou les habitudes alimentaires – pouvant varier d’un canton à l’autre –, ne sont donc pas prises en compte.
«Un cas emblématique est celui de la pollution au mercure qui a touché le Valais dans la région de Viège, illustre Martine Bourqui-Pittet. On peut bien mesurer le taux d’exposition à cette substance dans la population, mais sur la base de quoi compare-t-on les résultats?» C’est pourquoi l’étude visera, dans un premier temps, à analyser en priorité les quantités de mercure et de glyphosate (l’herbicide le plus vendu au monde) présentes dans l’organisme des participants.
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