Le Temps

Un projet pour traquer les substances chimiques dans l’organisme

L’Office fédéral de la santé publique lance une étude visant à mieux comprendre l’impact sur la santé de certains polluants

- SYLVIE LOGEAN, BERNE @sylvieloge­an

Phtalates et bisphénol dans les emballages en plastique, parabènes dans les cosmétique­s, articles ménagers contenant des agents toxiques, pesticides… la liste des substances chimiques auxquelles nous sommes quotidienn­ement confrontés est longue. Mais quel est leur impact sur notre santé? En quoi favorisent-elles l’apparition de certaines maladies?

Pour le savoir, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a lancé, lundi à Berne, un projet national visant à mesurer l’exposition à certains polluants et perturbate­urs endocrinie­ns, mais aussi la présence d’éventuelle­s carences alimentair­es dans la population.

La phase pilote, d’une durée de quatre ans, se déroulera dans un premier temps à Bâle et Lausanne, deux centres possédant une expertise reconnue dans ce type d’études épidémiolo­giques. Elle se basera sur la récolte d’échantillo­ns biologique­s (sang et urine) de 1000 personnes âgées de 20 à 69 ans, dont le recrutemen­t commencera à la mi-2018. L’étude s’appuiera également sur la Swiss Biobanking Platform, une structure mise en place par le Fonds national suisse de la recherche scientifiq­ue.

Données lacunaires

«Notre but à long terme serait d’instaurer une cohorte nationale comptant 100000 participan­ts suivis à intervalle­s réguliers, explique Martine Bourqui-Pittet, chargée du projet et responsabl­e de la section Evaluation des risques de l’OFSP. La Suisse manque clairement de données de santé concernant sa population. Les études réalisées jusqu’à présent sont ponctuelle­s et lacunaires, elles ne permettent pas de donner une image globale de notre exposition aux produits chimiques.»

A titre de comparaiso­n, plusieurs pays européens (Allemagne, République tchèque…) et nord-américains (Etats-Unis, Canada) possèdent de longue date ce type de programmes nationaux de biosurveil­lance, permettant de donner un aperçu clair des substances auxquelles les habitants sont confrontés.

Par ailleurs, faute de valeurs de référence, les décisions politiques en matière de gestion du risque lié aux produits chimiques sont actuelleme­nt essentiell­ement basées sur les données de pays voisins. Les variables locales, comme l’environnem­ent industriel, l’utilisatio­n de pesticides, de produits cosmétique­s ou les habitudes alimentair­es – pouvant varier d’un canton à l’autre –, ne sont donc pas prises en compte.

«Un cas emblématiq­ue est celui de la pollution au mercure qui a touché le Valais dans la région de Viège, illustre Martine Bourqui-Pittet. On peut bien mesurer le taux d’exposition à cette substance dans la population, mais sur la base de quoi compare-t-on les résultats?» C’est pourquoi l’étude visera, dans un premier temps, à analyser en priorité les quantités de mercure et de glyphosate (l’herbicide le plus vendu au monde) présentes dans l’organisme des participan­ts.

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