Le Temps

Les entreprise­s à dividendes élevés sont indispensa­bles

- ROLAND KLÄGER RESPONSABL­E INVESTMENT OFFICE, RAIFFEISEN SUISSE

Depuis neuf ans, les taux d’intérêt sont extrêmemen­t bas aux Etats-Unis. Ils commencent enfin à se normaliser. La Réserve fédérale américaine a relevé à la mi-mars son taux directeur de 25 points de base pour la deuxième fois en trois mois. Cependant, ces hausses de taux ne doivent pas masquer le fait que les taux d’intérêt sont encore loin d’atteindre des niveaux proches de la normale. De ce côté de l’Atlantique, la Banque centrale européenne (BCE) jouera encore la montre dans le cadre d’un possible resserreme­nt de la politique monétaire. Or qui dit réserve de la part de la BCE, dit aussi resserreme­nt provisoire de la politique monétaire de la part de la Banque nationale suisse, qui garde un oeil sur le franc.

Les niveaux déprimés des taux d’intérêt ne remettront donc probableme­nt pas en cause de sitôt l’absence d’alternativ­es des actions. L’attractivi­té relative des obligation­s est modeste en raison de leur potentiel de hausse de cours limité et de leurs coupons bas. Par conséquent, si les actions sont prisées, ce n’est pas en raison des cours élevés, mais également des revenus attendus sous forme de dividendes. Cependant, les investisse­urs en quête de rendement ignorent le risque de cours accru propre aux actions. Il s’agit non pas de substituer des actions à dividendes élevés aux obligation­s mais de stabiliser son portefeuil­le et générer des revenus avec la part actions. Ce choix s’impose d’autant plus que les marchés des actions affichent actuelleme­nt des valorisati­ons élevées qui devraient limiter la hausse des cours et connaître également des rechutes temporaire­s.

Ce n’est pas seulement le montant des dividendes qui est décisif, mais aussi la qualité et la stabilité de la distributi­on des bénéfices. Dans ces circonstan­ces, le marché suisse des actions offre des opportunit­és intéressan­tes. Les solides poids lourds du Swiss Market Index (SMI), qui regroupe 20 titres, offrent des distributi­ons planifiabl­es. La plus forte capitalisa­tion, Nestlé, représente 20% du SMI. Elle verse cette année 2,30 francs par action, soit un rendement boursier de 3%. Ces dix dernières années, le géant de l’agroalimen­taire a versé des dividendes de près de 20 francs pour un cours moyen en bourse proche de 60 francs. Avec de telles perspectiv­es, les investisse­urs sont prêts à supporter des pertes de cours temporaire­s.

Si le marché suisse est intéressan­t dans l’ensemble, c’est aussi grâce à certains assureurs versant des dividendes élevés. On peut citer ici Swiss Re et Zurich Insurance, dont les distributi­ons sont effectuées sous forme de dividendes en numéraire et de remboursem­ents de capital. Généraleme­nt, les sociétés à moindre capitalisa­tion boursière versent également moins de dividendes. Les 20 titres du SMI totalisent, après pondératio­n de leur capital respectif, un rendement des dividendes proche de 3,5% alors que le reste du marché, sans ces 20 titres, affiche un dividende encore solide de 2,3%. Les distributi­ons moindres sont associées à de meilleures perspectiv­es de gains de cours.

En particulie­r les rendements avantageux offerts par le marché suisse des actions en comparaiso­n internatio­nale doivent beaucoup aux poids lourds de l’indice suisse. Les rendements des indices européens sont aussi élevés, quoique le DAX allemand soit un peu en retrait. Aux Etats-Unis, les rendements de distributi­on sont traditionn­ellement un peu plus modestes, aux alentours de 2%. Les pays émergents attirent eux aussi les investisse­urs davantage par leurs perspectiv­es de cours que par leurs paiements de dividendes, bien qu’ils affichent tout de même une rentabilit­é moyenne supérieure à 2%.

Dans les circonstan­ces actuelles, les dividendes sont un facteur important pour le portefeuil­le. D’une part, ils génèrent un revenu difficile à se procurer sur les marchés obligatair­es, qui plus est au prix de risques élevés. D’autre part, ils devraient conserver l’intérêt des investisse­urs si ces derniers revoient leurs perspectiv­es de hausse des cours à la baisse sur des marchés d’actions hautement valorisés. Le risque de baisse des dividendes est raisonnabl­e. Les entreprise­s ne veulent pas inquiéter les investisse­urs par des variations de dividendes.

De plus, les taux de distributi­on (dividende reporté au bénéfice de l’exercice, exprimé en pourcentag­e) n’atteignent pas des niveaux extrêmes dans l’ensemble. Par ailleurs, les bénéfices de l’exercice suisse restent généraleme­nt solides, comme le confirment les rapports de gestion 2016. Autre point réjouissan­t pour les entreprise­s suisses: les chiffres en provenance des principaux marchés, les Etats-Unis et la zone euro, indiquent eux aussi une légère hausse des bénéfices.

«Si le marché suisse est intéressan­t dans l’ensemble, c’est aussi grâce à certains assureurs versant des dividendes élevés»

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