Les entreprises à dividendes élevés sont indispensables
Depuis neuf ans, les taux d’intérêt sont extrêmement bas aux Etats-Unis. Ils commencent enfin à se normaliser. La Réserve fédérale américaine a relevé à la mi-mars son taux directeur de 25 points de base pour la deuxième fois en trois mois. Cependant, ces hausses de taux ne doivent pas masquer le fait que les taux d’intérêt sont encore loin d’atteindre des niveaux proches de la normale. De ce côté de l’Atlantique, la Banque centrale européenne (BCE) jouera encore la montre dans le cadre d’un possible resserrement de la politique monétaire. Or qui dit réserve de la part de la BCE, dit aussi resserrement provisoire de la politique monétaire de la part de la Banque nationale suisse, qui garde un oeil sur le franc.
Les niveaux déprimés des taux d’intérêt ne remettront donc probablement pas en cause de sitôt l’absence d’alternatives des actions. L’attractivité relative des obligations est modeste en raison de leur potentiel de hausse de cours limité et de leurs coupons bas. Par conséquent, si les actions sont prisées, ce n’est pas en raison des cours élevés, mais également des revenus attendus sous forme de dividendes. Cependant, les investisseurs en quête de rendement ignorent le risque de cours accru propre aux actions. Il s’agit non pas de substituer des actions à dividendes élevés aux obligations mais de stabiliser son portefeuille et générer des revenus avec la part actions. Ce choix s’impose d’autant plus que les marchés des actions affichent actuellement des valorisations élevées qui devraient limiter la hausse des cours et connaître également des rechutes temporaires.
Ce n’est pas seulement le montant des dividendes qui est décisif, mais aussi la qualité et la stabilité de la distribution des bénéfices. Dans ces circonstances, le marché suisse des actions offre des opportunités intéressantes. Les solides poids lourds du Swiss Market Index (SMI), qui regroupe 20 titres, offrent des distributions planifiables. La plus forte capitalisation, Nestlé, représente 20% du SMI. Elle verse cette année 2,30 francs par action, soit un rendement boursier de 3%. Ces dix dernières années, le géant de l’agroalimentaire a versé des dividendes de près de 20 francs pour un cours moyen en bourse proche de 60 francs. Avec de telles perspectives, les investisseurs sont prêts à supporter des pertes de cours temporaires.
Si le marché suisse est intéressant dans l’ensemble, c’est aussi grâce à certains assureurs versant des dividendes élevés. On peut citer ici Swiss Re et Zurich Insurance, dont les distributions sont effectuées sous forme de dividendes en numéraire et de remboursements de capital. Généralement, les sociétés à moindre capitalisation boursière versent également moins de dividendes. Les 20 titres du SMI totalisent, après pondération de leur capital respectif, un rendement des dividendes proche de 3,5% alors que le reste du marché, sans ces 20 titres, affiche un dividende encore solide de 2,3%. Les distributions moindres sont associées à de meilleures perspectives de gains de cours.
En particulier les rendements avantageux offerts par le marché suisse des actions en comparaison internationale doivent beaucoup aux poids lourds de l’indice suisse. Les rendements des indices européens sont aussi élevés, quoique le DAX allemand soit un peu en retrait. Aux Etats-Unis, les rendements de distribution sont traditionnellement un peu plus modestes, aux alentours de 2%. Les pays émergents attirent eux aussi les investisseurs davantage par leurs perspectives de cours que par leurs paiements de dividendes, bien qu’ils affichent tout de même une rentabilité moyenne supérieure à 2%.
Dans les circonstances actuelles, les dividendes sont un facteur important pour le portefeuille. D’une part, ils génèrent un revenu difficile à se procurer sur les marchés obligataires, qui plus est au prix de risques élevés. D’autre part, ils devraient conserver l’intérêt des investisseurs si ces derniers revoient leurs perspectives de hausse des cours à la baisse sur des marchés d’actions hautement valorisés. Le risque de baisse des dividendes est raisonnable. Les entreprises ne veulent pas inquiéter les investisseurs par des variations de dividendes.
De plus, les taux de distribution (dividende reporté au bénéfice de l’exercice, exprimé en pourcentage) n’atteignent pas des niveaux extrêmes dans l’ensemble. Par ailleurs, les bénéfices de l’exercice suisse restent généralement solides, comme le confirment les rapports de gestion 2016. Autre point réjouissant pour les entreprises suisses: les chiffres en provenance des principaux marchés, les Etats-Unis et la zone euro, indiquent eux aussi une légère hausse des bénéfices.
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«Si le marché suisse est intéressant dans l’ensemble, c’est aussi grâce à certains assureurs versant des dividendes élevés»