Le Temps

Les conditions de travail en Suisse se sont dégradées en l’espace d’une décennie

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La Suisse descend de son piédestal européen en matière de conditions de travail, qui ont perdu de leur attrait entre 2005 et 2015, indique le Seco

La situation concernant les contrainte­s physiques au travail semble dans l’ensemble se dégrader, a indiqué lundi le Secrétaria­t d’Etat à l’économie (Seco). La Suisse perd ainsi la position de tête qu’elle avait occupée en 2005 par rapport aux 34 autres pays européens pris en compte dans la «Sixième Enquête sur les conditions de travail en Europe en 2015», et se rapproche de la moyenne européenne.

La contrainte physique la plus fréquente en 2015 est l’exécution de mouvements répétitifs de la main ou du bras. Près des deux tiers des personnes interrogée­s rapportent qu’elles doivent réaliser de tels mouvements pendant au moins le quart de leur temps de travail. C’est près de 50% de plus que dix ans plus tôt.

Seules les contrainte­s liées aux bruits forts, à la respiratio­n de fumées et vapeurs ainsi que le tabagisme passif sont moins fréquentes en Suisse qu’en Europe. Il semble que les entreprise­s helvétique­s réduisent ces risques en limitant le temps d’exposition de chaque personne, selon le Seco.

La part de salariés qualifiant leur santé physique de bonne ou très bonne est supérieure à la moyenne européenne de dix points environ en Suisse. Soit près de 90% de l’ensemble des actifs, et 80% des plus de 55 ans.

La Suisse perd également de sa superbe s’agissant des conditions psychiques de travail. Ainsi, de manière générale, les salariés ont toujours moins prise sur leur travail, alors que leurs collègues européens maintienne­nt leurs conditions stables. Les Suisses semblent avoir perdu en responsabi­lisation et en indépendan­ce dans la conception des tâches et de l’organisati­on du travail, au profit du respect des normes de qualité.

Des tâches monotones pour un tiers des salariés

Près d’un tiers des salariés en 2015 – contre moins d’un quart dix ans plus tôt – jugent que leur travail implique des tâches monotones. Là encore, la Suisse a perdu la position de tête qu’elle occupait en 2005, pour s’aligner sur la moyenne européenne.

«Les travailleu­rs sont toujours plus le jouet d’intérêts économique­s à court terme», dénonce l’Union syndicale suisse. A l’image de Travail.Suisse et d’Unia, l’USS constate qu’entre 2005 et 2015, la part de salariés pouvant décider de leurs horaires a clairement fondu, alors même que les exigences de flexibilit­é de la part des patrons ont crû.

Et le syndicat de juger alarmant le taux d’épuisement des employés, notamment en sachant que les Suisses travaillen­t déjà en moyenne hebdomadai­re trois heures de plus que leurs homologues européens, soit près de 42 heures.

Néanmoins, les Suisses se sentent généraleme­nt bien à leur travail, notamment parce qu’ils estiment à plus de 75% que leur entreprise sait motiver ses collaborat­eurs à donner le meilleur d’eux-mêmes. La Suisse reste ainsi au-dessus de la moyenne européenne. Elle demeure aussi en tête, avec près de dix points de plus que la moyenne, s’agissant de la conformité du revenu aux attentes ou de la reconnaiss­ance de son travail.

Ces deux résultats mettent en exergue deux points forts des conditions de travail en Suisse, estime le Seco. L’enquête est réalisée tous les cinq ans depuis 1990 par la Fondation Eurofound auprès de 43000 personnes actives, dont 1006 représenta­tives des actifs en Suisse.

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