Des loups dans le blizzard
Film âpre et violent, «Wind River» témoigne de la pérennité du western
Le jazz et le western sont les deux grandes contributions de l’Amérique à la culture mondiale, professait Clint Eastwood. Aujourd’hui, les cow-boys roulent en moto des neiges et se servent d’armes automatiques, comme le démontre Wind River – dont la musique est country-rock puisque ce sont les excellents Nick Cave et Warren Ellis qui l’ont écrite.
Taylor Sheridan a frappé fort à Cannes avec deux films qu’il avait scénarisés, Sicario, une descente dans les cartels de la drogue au Mexique, puis Comancheria, dans lequel deux frères braquent des banques pour racheter leur ferme. Il passe pour la première fois derrière la caméra avec Wind River, un «film qui vient du fond de mon âme», dit-il.
Dans la réserve indienne de Wind River, dans le Wyoming, Cory Lambert (Jeremy Renner) est pisteur. Tireur d’élite, il exécute les loups ou les pumas qui déciment les troupeaux. Il trouve le cadavre d’une jeune Amérindienne.
Le film renoue avec quelques archétypes familiers de l’univers de Taylor Sheridan. Le pisteur solitaire, hanté par un drame personnel. La jeune agente du FBI (Elizabeth Olsen) découvrant que le bras armé de la justice prend des libertés avec le code. Et puis des durs à cuire, des pochetrons, des voyous, des femmes mélancoliques, des parents endeuillés… Lorsque la violence éclate en corps-à-corps brutaux, mortels, et fusillades sanglantes…
Baignant dans le fatalisme existentiel d’autochtones spoliés de leurs terres et de leur fierté, Wind River se rapproche des grands westerns pessimistes de Clint Eastwood (Pale Rider, Unforgiven). Le film se termine sur un carton glaçant: «Les statistiques sur les personnes disparues existent, sauf sur les femmes amérindiennes»…
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