Le Temps

«Vendre en mai et partir»: une stratégie qui marche partout

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Le dicton «Sell in May and go away» fait ses preuves. Il offre un rendement supérieur de 0,1 à 4,3% selon les pays, d’après une étude de VZ. Cette approche est particuliè­rement utile lors des mauvaises années boursières

Depuis janvier, les indices se sont appréciés de 10% en Suisse, 7% aux Etats-Unis, 3% au Japon. Faut-il dès lors engranger les profits, partir en vacances l’esprit tranquille et attendre les traditionn­elles turbulence­s de l’automne avant de racheter des titres en novembre? C’est exactement ce que propose l’adage «Sell in May and go away». Cet effet saisonnier pose un problème à la théorie financière classique, mais représente une aide utile à l’investisse­ur.

L’idée selon laquelle le risque de pertes le plus élevé se concentre en automne s’appuie sur les faits historique­s. Roland Leuschel, l’ancien stratège de la banque Bruxelles Lambert, qui avait d’ailleurs prévu plusieurs krachs boursiers, avait fort justement intitulé l’un de ses ouvrages: Jamais le dimanche, de préférence en octobre (1992).

Le plus fort gain se produit au Japon

La banque VZ a testé la stratégie «vendre en mai et acheter en novembre» sur la plupart des marchés et l’a comparée à celle du maintien des titres au long de l’année (Buy and Hold). Les résultats à long terme encouragen­t effectivem­ent l’investisse­ur à vendre ce mois. Selon les marchés, la surperform­ance du «Sell in May» oscille entre 0,1 et 4,3%. Les causes de l’existence de l’effet «Sell in May» n’ont toujours pas été élucidées, selon l’institut. Mais il se vérifie.

Au Japon, cet adage boursier offre un rendement annuel de 9,8% par an en francs sur quarante ans, contre 5,5% pour le «Buy and Hold», soit une surperform­ance de 4,3%, selon VZ. C’est le marché idéal pour mettre en oeuvre cette stratégie. Les chiffres annuels correspond­ants sont de 10,4% et 7,5% pour les actions monde, 9,2% et 8,7% pour les actions américaine­s, 10,2% et 6,5% pour les actions européenne­s, 7,8% et 6,2% pour les actions asiatiques, 9,3% et 6,4% pour les actions émergentes, et 9% et 8,9% pour les actions suisses. C’est donc ces dernières qui vérifient le moins bien la qualité de l’adage boursier.

La durée d’analyse n’est pas identique partout. Les données sont disponible­s depuis 1975 au Japon, en Europe et dans le monde, 1988 aux Etats-Unis et en Suisse, 1999 en Asie et dans les pays émergents.

La réduction du risque de portefeuil­le

La vente de titres en mai améliore la qualité du portefeuil­le sous un autre angle. Elle réduit le risque à travers une baisse de la volatilité et une concentrat­ion de l’exposition au risque des actions uniquement sur la moitié de l’année.

L’étude indique toutefois que la surperform­ance ne se vérifie que durant la moitié des périodes considérée­s. Elle est correcte la plupart du temps au Japon et le moins souvent aux Etats-Unis. Mais il arrive qu’elle ne marche pas durant plusieurs années consécutiv­es. En Asie par exemple, elle aurait produit entre 2003 et 2007 de moins bons résultats qu’une stratégie «Buy and Hold» durant cinq années consécutiv­es.

Le «Sell in May» sous-performe durant les phases haussières des marchés d’actions. Par contre, elle permet de limiter les pertes lors des très mauvaises années boursières, par exemple en 2008.

Avec une stratégie «Sell in May» la perte maximale se situe entre 29% et 42,9%, tandis qu’avec «Buy and Hold» elle est comprise entre 49,3% et 70,9%. Selon VZ, «il est difficile d’appliquer une stratégie «Sell in May» de façon rigoureuse pendant une longue période, car elle est moins performant­e qu’une stratégie «Buy and Hold» une année sur deux». Rien n’indique non plus qu’à l’avenir les crises se produisent en octobre.

Sur une longue période, une stratégie «Sell in May» est moins performant­e qu’une stratégie «Buy and Hold» une année sur deux, selon VZ. Ce qui la rend difficile à appliquer de façon rigoureuse.

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(BRENDAN MCDERMID/REUTERS)

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