Glencore tente de se rapprocher de Bunge
Le géant zougois confirme des pourparlers. Un accord lui permettrait de dominer le marché américain du grain. Le secteur agricole, déprimé par le faible niveau des prix, vit au rythme des fusions-acquisitions
La note a pris tout le monde de cours. Mardi soir, à la veille de son assemblée générale, le géant zougois Glencore confirmait un rapprochement avec le trader de grains Bunge à propos d’un «potentiel regroupement consensuel d’entreprises». Si elle était confirmée, la transaction pourrait accoucher d’un géant du secteur agricole, dominant l’achat et la vente de grains sur le marché américain.
La filiale agricole de Glencore pèse 21,9 milliards de dollars (21,4 milliards de francs) de chiffres d’affaires, soit quelque 14% de son activité en 2016. Le spécialiste du négoce en céréales et oléagineux Bunge, dont le siège social se trouve à White Plains (Etat de New York), a enregistré pour 42,7 milliards de dollars de vente l’année dernière. Au total, il emploie 30000 personnes à travers 40 pays.
Vers la fin de l’ABCD?
Cette nouvelle intervient dans un contexte difficile pour le secteur vu la faiblesse des cours des produits agricoles. Longtemps dominé par quatre acteurs, le club ABCD – des initiales des groupes Archer Daniels Midland, le susmentionné Bunge, Cargill et Louis Dreyfus –, le secteur est en train de se recomposer à coups de fusions et d’acquisitions.
Le groupe chinois ChemChina est en passe de compléter le rachat de l’agrochimiste et expert en semences bâlois Syngenta pour 43 milliards de dollars. DuPont et Dow Chemicals pourraient eux aussi compléter leur fusion et le chimiste Bayer pousse toujours pour racheter Monsanto, le fabricant de pesticides et semences OGM, pour quelque 66 milliards de dollars.
Un vieux projet d’Ivan Glasenberg
L’expansion de Glencore sur le marché américain est un vieux projet de son directeur Ivan Glasenberg, qui avait déjà racheté les champs agricoles du canadien Viterra en 2012. Mais, plombé par la chute du cours des matières premières, le groupe minier a d’abord dû se refaire une santé financière en lançant son programme de désendettement avant de réaliser de nouvelles acquisitions. La vente de 50% des parts de sa filiale agricole, à deux fonds de pension canadiens l’année dernière, peut être interprétée dans ce sens. La transaction à permis de lever trois milliards de dollars.
Dans un secteur encore dominé par des «pure players», des négociants qui ne possède pas ou peu d’infrastructures, Glencore espère mettre à profit ses centres de stockages, ses usines et ses ports pour générer les marges lui permettant de gagner des parts de marché.
Stage préliminaire des discussions
Bunge, dont l’action a bondi de 16% à Wall Street à la suite de l’annonce, a démenti être engagé dans des discussions avec la maison-mère de Glencore ou sa division Glencore Agriculture Limited. Dans son communiqué de mardi, le service de presse du groupe zougois rappelle que les discussions ne font que commencer et «peuvent se matérialiser ou pas. Il n’y a pas de certitude que la transaction aboutisse».
La nouvelle n’a pas été de nature à émouvoir les actionnaires de Glencore. L’assemblée générale de mercredi s’est conclue en 75 minutes, sans questions portant sur le rapprochement avec Bunge.
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