Le Temps

Glencore tente de se rapprocher de Bunge

- ADRIÀ BUDRY CARBÓ @ AdriaBudry

Le géant zougois confirme des pourparler­s. Un accord lui permettrai­t de dominer le marché américain du grain. Le secteur agricole, déprimé par le faible niveau des prix, vit au rythme des fusions-acquisitio­ns

La note a pris tout le monde de cours. Mardi soir, à la veille de son assemblée générale, le géant zougois Glencore confirmait un rapprochem­ent avec le trader de grains Bunge à propos d’un «potentiel regroupeme­nt consensuel d’entreprise­s». Si elle était confirmée, la transactio­n pourrait accoucher d’un géant du secteur agricole, dominant l’achat et la vente de grains sur le marché américain.

La filiale agricole de Glencore pèse 21,9 milliards de dollars (21,4 milliards de francs) de chiffres d’affaires, soit quelque 14% de son activité en 2016. Le spécialist­e du négoce en céréales et oléagineux Bunge, dont le siège social se trouve à White Plains (Etat de New York), a enregistré pour 42,7 milliards de dollars de vente l’année dernière. Au total, il emploie 30000 personnes à travers 40 pays.

Vers la fin de l’ABCD?

Cette nouvelle intervient dans un contexte difficile pour le secteur vu la faiblesse des cours des produits agricoles. Longtemps dominé par quatre acteurs, le club ABCD – des initiales des groupes Archer Daniels Midland, le susmention­né Bunge, Cargill et Louis Dreyfus –, le secteur est en train de se recomposer à coups de fusions et d’acquisitio­ns.

Le groupe chinois ChemChina est en passe de compléter le rachat de l’agrochimis­te et expert en semences bâlois Syngenta pour 43 milliards de dollars. DuPont et Dow Chemicals pourraient eux aussi compléter leur fusion et le chimiste Bayer pousse toujours pour racheter Monsanto, le fabricant de pesticides et semences OGM, pour quelque 66 milliards de dollars.

Un vieux projet d’Ivan Glasenberg

L’expansion de Glencore sur le marché américain est un vieux projet de son directeur Ivan Glasenberg, qui avait déjà racheté les champs agricoles du canadien Viterra en 2012. Mais, plombé par la chute du cours des matières premières, le groupe minier a d’abord dû se refaire une santé financière en lançant son programme de désendette­ment avant de réaliser de nouvelles acquisitio­ns. La vente de 50% des parts de sa filiale agricole, à deux fonds de pension canadiens l’année dernière, peut être interprété­e dans ce sens. La transactio­n à permis de lever trois milliards de dollars.

Dans un secteur encore dominé par des «pure players», des négociants qui ne possède pas ou peu d’infrastruc­tures, Glencore espère mettre à profit ses centres de stockages, ses usines et ses ports pour générer les marges lui permettant de gagner des parts de marché.

Stage préliminai­re des discussion­s

Bunge, dont l’action a bondi de 16% à Wall Street à la suite de l’annonce, a démenti être engagé dans des discussion­s avec la maison-mère de Glencore ou sa division Glencore Agricultur­e Limited. Dans son communiqué de mardi, le service de presse du groupe zougois rappelle que les discussion­s ne font que commencer et «peuvent se matérialis­er ou pas. Il n’y a pas de certitude que la transactio­n aboutisse».

La nouvelle n’a pas été de nature à émouvoir les actionnair­es de Glencore. L’assemblée générale de mercredi s’est conclue en 75 minutes, sans questions portant sur le rapprochem­ent avec Bunge.

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