Robert Pattinson, la nuit lui appartient
Avec «Good Time», les frères Safdie signent un film noir efficace à défaut d’être totalement réussi
Il y a chaque année des films dont on se demande dans le fond pourquoi ils ont les honneurs de la compétition officielle. Dans le cas du thriller Good Time, l’explication est double. Tout d’abord, la fratrie qui signe là son cinquième long-métrage, Ben et Joshua Safdie, a été révélée à Cannes, plus précisément à la Quinzaine des réalisateurs. Ensuite, l’acteur principal n’est autre que Robert Pattinson, et même si le trentenaire n’a aujourd’hui plus grand-chose à voir avec le blafard et romantique suceur de sang de Twilight, il reste un bon argument pour qu’un public ne goûtant pas forcément le cinéma d’auteur s’intéresse à ce qui se passe à Cannes.
Good Time s’ouvre sur une séquence cherchant une certaine forme de vérité documentaire: un psychiatre converse avec Nick, un jeune homme handicapé mental incapable de comprendre les expressions courantes, qu’il soumet à une sagacité qu’il n’a pas. Voilà que le frère de Nick, Connie, débarque et l’emmène. On bascule alors dans le film de genre: les frangins braquent une banque et arrivent à prendre la fuite. Mais les billets ont été traités chimiquement et dégagent soudain une épaisse fumée rouge.
Le film va se dérouler durant une nuit qui verra Nick se faire arrêter et Connie tout tenter pour le libérer. Le récit est haché, sombre, désenchanté, soutenu par une musique intrusive du producteur électro Oneohtrix Point Never. Les frères Safdie parviennent à conserver tout au long du film une belle tension et jouent habilement avec des seconds rôles qui parfois disparaissent aussi brutalement qu’ils étaient apparus. On sent leur envie de revisiter le film noir, mais au final il ne restera pas grand-chose de ce Good Time.n